Boys-bands : La pop inoxydable
7 septembre 2025 // Musique // 4492 vues // Nc : 188

Les harmonies pop survivent aux révolutions technologiques. Entre Tempo Gaigy et G5, quinze ans d'écart mais une recette qui marche toujours. Preuve que certains formats résistent au temps… et au ridicule.

Un boys band, c’est ce cocktail calibré de voix harmonisées, chorégraphies millimétrées et looks travaillés, où la pop devient un spectacle autant qu’un son. Un format inventé dans les années 90 avec les Take That, Backstreet Boys ou Worlds Apart, et qui a marqué toute une génération. Trente ans plus tard, à Madagascar, le phénomène n’a rien d’un souvenir : il s’est réinventé, porté par deux générations qui racontent chacune leur époque.

Le premier témoin s’appelle Popol, figure de Tempo Gaigy. Fils de Bekoto du groupe Mahaleo, il choisit pourtant un virage radical en optant pour la pop chorégraphiée. « On a commencé comme danseurs au lycée Saint-Joseph d’Antsirabe. Mais ce n’est qu’avec l’explosion de Ramose Tatanta qu’on a vraiment percé », raconte-t-il. La recette du succès, à l’époque ? La proximité avec les radios FM. « Il suffisait de filer notre cassette aux potes qui bossaient en station. Comme il y avait moins de chanteurs et moins de radios, les gens nous écoutaient », se souvient-il. Dans ce Madagascar des années 2000, les boys bands vivaient déjà leur âge d’or.

Une quinzaine d’années plus tard, Larry et son groupe G5 surgissent dans un univers musical saturé. Leur carte maîtresse : une émission de téléréalité dédiée aux boys bands. « Il fallait former un groupe de cinq gars capables de chanter et danser. L’émission était suivie partout, et ça a lancé notre notoriété avant même nos premiers titres », se souvient-il. Contrairement aux clichés qui annonçaient la fin des boys bands, G5 prouve que le modèle continue de séduire. La relève était là, simplement en attente du bon projecteur.

Reste la question de l’endurance. Popol se souvient de fans organisés en clubs quasi institutionnels, jusqu’à tenir un local à Analakely où circulaient photos et coupures de presse. « Parfois les supporters nous montaient les uns contre les autres, mais entre groupes, il y avait une bonne entente », sourit-il. Larry, lui, vit dans un autre écosystème : YouTube, Spotify, TikTok, et la logique du placement de produits. « Les revenus, c’est un peu tout ça à la fois : concerts, droits d’auteur, streaming, pubs… », lance-t-il. Une casquette d’entrepreneur collée à celle d’artiste.

Mais au fond, une constante demeure : le lien avec le public. Dans les années 2000, les concerts de Tempo Gaigy pouvaient même se transformer en foire improvisée, avec des vendeurs de jeans montant sur scène. « On a fini par en apporter nous-mêmes ! », rigole Popol. Aujourd’hui, les fans ne lâchent pas leurs écrans, mais l’équation reste la même : séduire, surprendre, fidéliser. Des cassettes aux streams, des radios FM aux buzz TikTok, les boys bands malgaches rappellent que cette formule musicale, qu’on aime moquer, n’a en réalité jamais disparu. Elle s’adapte, change de costumes, mais conserve son cœur : une pop à plusieurs voix, qui continue de traverser les époques sans perdre le rythme.

Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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