Ihoby Rabarijohn : « Chaque exposition invente des nouvelles règles de jeu »
18 août 2024 // Arts Plastiques // 6766 vues // Nc : 175

Ihoby Rabarijohn est curatrice indépendante et Art Advisor. Après avoir collaboré dans plusieurs projets artistiques locaux et à l’extérieur, elle a pu se servir de son amour pour l’art pour défendre une cause qui lui tient à cœur, en initiant l’exposition qui relie Art et Environnement : Antson’ny tontolo miaina (Interpeller le vivant) en 2023. La deuxième édition de cette exposition collective se passera d’ailleurs en septembre de cette année. En attendant cette édition, elle nous présente ici son métier.

Quel est le métier d’un curateur d’art ?
Bien qu’ayant une consonance un peu barbare, je préfère utiliser le terme « curateur d’art » , « curator » et « curating » en anglais, du latin « curare » qui veut dire « s’occuper de » (l’exposition) à la place de « Commissaire d’exposition » qui porte plus pour moi, une connotation autoritaire, voire policière…Le métier de « curator » est donc de penser, réfléchir, concevoir une exposition : le format, la sélection des artistes et / ou des pièces à présenter, l’organisation puis de porter jusqu’au bout le projet (montage, accrochage, décrochage, démontage). En étant le / la responsable de l’exposition, le / la « curator » crée la forme de l’exposition.

Courtesy of Pierrot Men

Quel est votre parcours dans ce domaine ?
C’est un privilège pour moi d’être une curatrice indépendante (Independent Curator) et une Art Advisor, car l’art et la culture ont toujours été une passion, j’ai effectué un long cheminement (études de Littérature et communication, expériences professionnelles dans la culture et le marketing, spécialisation dans le marché de l’art) avant de m’y consacrer entièrement. Mais ce chemin quelque peu atypique m’a toutefois, somme toute mené à l’essentiel.

Quelle est son importance dans l’accompagnement des artistes ?
Le / la « curator » dans sa « rencontre » avec l’artiste qu’il / elle présente, converse avec l’artiste et prend soin à rendre à l’artiste ce qu’il / elle a de meilleur en relayant ses gestes artistiques. La curation de la première exposition solo de FanjaR s’est déroulée dans le ravissement d’une belle complicité basée sur la confiance et des valeurs partagées, un dialogue fort de ce que nous nous apportions mutuellement. En tant que « découvreuse d’artistes » également, il m’est important de prendre soin de la mise en scène pour révéler son travail.

D’ailleurs, comment travaillez-vous avec les artistes ?
Chaque artiste, comme chaque personne est unique et chaque rencontre dans le cadre d’une exposition artistique est enrichissante et porteuse de leçons également ; chaque exposition invente en quelque sorte des nouvelles règles du jeu. Je ne peux concevoir ce travail sans des échanges intenses qui m’ont permis de faire un bout de chemin avec eux ; j’avais décelé les prémices de l’abstraction dans les premiers tableaux plutôt figuratifs de Richianny Ratovo et je l’ai encouragée dans ce sens ; quelques œuvres présentées lors de l’exposition Toy ny Ranomasina au Flow Gallery marque d’ailleurs ce passage important dans sa peinture. C’est toujours un bonheur mêlé d’un sentiment d’accomplissement d’avoir contribué à mettre en lumière les réalisations de ces artistes que j’ai accompagnés.

Quelle marge de liberté pour les curateurs qui travaillent avec les institutions ?
La notion de liberté est importante, d’autant plus qu’on parle de l’art. Afin de pouvoir présenter un travail où on sent l’harmonie, il est cependant évident de s’accorder sur les perspectives et la direction à prendre.

Pour le contexte malgache, pourquoi a-t-on besoin de curateurs d’art ?
L’Art est tout simplement un travail et pour que ça puisse être assimilé comme tel, il faut montrer aussi la professionnalisation dans ce domaine, comme partout ailleurs. Par ailleurs, la sphère de l’art et de la culture ici n’est pas bien grande et il est agréable et instructif d’échanger et quelquefois de collaborer avec les autres acteurs.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

irabarijohn@yahoo.fr

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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