Economie : 1300 ans d’affaires et d’ombres
6 juillet 2025 // Histoire // 2566 vues // Nc : 186

Madagascar et l’économie, l’histoire ne date pas d’hier. C’est en tout cas ce qu’affirment les économistes et historiens réunis à la Cité des Cultures, les 3 et 4 juin derniers, pour un colloque sobrement intitulé : « Madagascar, plus de 1300 ans d’histoire économique vivante ». Une initiative de FTHM Consulting et du département d’Histoire de l’Université d’Antananarivo, qui a mis en lumière un pan méconnu — mais essentiel — du passé de l’île : son enracinement ancien dans les échanges commerciaux.

« Entre mers et terres, sociétés et économies à Madagascar précolonial ». Le titre de la communication d’Helianta Rajaonarison a sonné comme une révélation. Loin de l’image d’une île isolée, Madagascar apparaît, dès les premiers siècles, comme un carrefour animé, un terrain de commerce et de convoitise. « Terre vide d’hommes, mais pleine de ressources », selon l’expression consacrée, elle attire rapidement marchands et navigateurs. Le grand Sud-Est, surtout, devient zone de transit : esclaves, bois rares, objets exotiques… les arabo-musulmans y font escale avant de poursuivre vers l’Austronésie.

Le site de Mahilaka, analysé par la Pr Chantal Radimilahy, cristallise cette histoire. À la fois comptoir et centre de résidence, il reliait Vohémar — point de contact stratégique — à un réseau économique vaste et dynamique. Les fouilles y révèlent mosquées, poteries, perles, tombes. Autant de traces d’une économie déjà bien ancrée.

Mais c’est le commerce d’esclaves qui, pendant longtemps, va constituer l’épine dorsale de cette économie. Avant même Flacourt, au moins vingt traitants opéraient déjà sur la côte Est. Fort-Dauphin, alors, tourne à plein régime. Les rois malgaches y participent activement. Jusqu’en 1817, où Radama Ier, conseillé par les Britanniques, signe un traité d’abolition. Officiellement pour unifier le royaume — officieusement pour rééquilibrer les forces. L’arrêt brutal du commerce finit par pénaliser certains Hova, grands revendeurs d’esclaves. Et plonge le pays dans un cycle de violences internes, les guerres entre clans malgaches se poursuivant pour alimenter malgré tout les circuits de traite.

Plus tard, Rainilaiarivony renoue avec les affaires — à sa manière. Soutenu par Andafiavaratra, entouré des Tsimiamboholahy, il développe son propre réseau d’importation depuis l’Europe et Maurice, tandis que son fils Rajoelina tente de le renverser. On retrouve leur nom jusque dans l’exploitation aurifère aux côtés de Léon Suberbie. La monarchie se fissure, les rivalités internes s’exacerbent.

En 1885, le révérend Baron signe une lettre au vitriol, qui sonne comme un verdict : « Les médiocres se pavanent et les rapaces remplissent nos terres. » Un constat amer, presque prophétique, qui résonne encore dans les débats d’aujourd’hui.

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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