Dr Kanto Razanamalala « Pour en finir avec l’insécurité alimentaire »
7 janvier 2021 // Nature // 4152 vues // Nc : 132

Elle fait partie des lauréats qui se sont vus décerner en 2020 le prix Jeune Chercheur de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Selon elle, une meilleure connaissance de la biodiversité des sols ne peut que favoriser des pratiques agricoles plus durables. Et si l’agriculture de demain se jouait maintenant ?

En quoi consiste ce prix de la FRB ?
Il récompense et met en avant des jeunes chercheurs qui s’investissent au cœur des problématiques de recherche sur la biodiversité et des enjeux science-société associés. La FRB est une fondation de coopération scientifique dont l’un des objectifs est d’établir un partenariat durable entre organismes publics et entreprises pour favoriser des actions de recherche sur la biodiversité en lien avec les acteurs de la société et produire des connaissances utiles pour l’action. C’est pour cela que ce sont des partenaires de la FRB qui priment les travaux de jeunes chercheurs en accord avec leurs objectifs et actions pour la biodiversité. Parmi les candidatures, le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) a choisi de primer mon projet car ma volonté d’allier connaissances paysannes et connaissances scientifiques rejoint la démarche du FFEM.

Votre thèse en quelques mots…
Elle portait sur l’identification des bactéries et champignons du sol et de leurs activités qui transforment la matière organique en nutriments pour les plantes, pour améliorer la gestion de la fertilité des sols cultivés sur les hauts plateaux. Les matières organiques (d’origines végétales et animales) qui arrivent au sol, regorgent de nutriments essentiels pour les plantes. Or, ce sont les bactéries et champignons du sol qui ont les capacités d’utiliser les matières organiques pour en extraire les nutriments. En associant analyses du sol et analyses de la biodiversité et de l’activité des micro-organismes de sols cultivés, nous voulions identifier des pratiques agroécologiques pouvant piloter bactéries et champignons responsables du stockage et de la libération de nutriments facilement utilisables par les plantes.

Que peuvent en attendre les agriculteurs ?
Nos résultats ont montré que le climat, l’état des matières organiques déjà présentes dans le sol et les pratiques agricoles influencent les processus microbiens responsables du stockage ou de la libération de nutriments dans le sol. En termes de pratiques agricoles, nos résultats ont montré que le labour perturbait les micro-organismes impliqués dans le stockage de nutriments dans les sols, ce qui diminue la fertilité des sols sur le long terme. À l’opposé, l'apport de compost favorise le développement de ces mêmes micro-organismes en améliorant leur environnement, permettant ainsi le stockage de nutriments pour les cultures à venir. Cela montre l’importance de tenir compte de la biodiversité du sol dans l’élaboration d’itinéraires techniques durables. En alliant les savoirs scientifiques et locaux sur les sols, les agriculteurs pourraient choisir différentes pratiques agricoles pour stimuler la libération de nutriments ou pour stimuler le stockage tout en conservant des sols résilients et fertiles.

Quelles avancées pour la science et la biodiversité à Madagascar ? 
La biodiversité des sols est encore mal connue et on estime que seul 1 % des organismes du sol a été identifié. Pourtant cette biodiversité est essentielle pour le bon fonctionnement des sols et 90 % de ce que nous mangeons et buvons dépend de ce fonctionnement. La biodiversité microbienne des sols est centrale pour la fertilité des sols et le stockage de carbone dans les sols, mais nos connaissances à leur sujet sont infimes. Pour compléter ces connaissances, nos recherches ont été les premières à Madagascar à se pencher sur l’étude moléculaire de la biodiversité totale des bactéries et champignons des sols pour identifier les acteurs microbiens reliés à différents processus régissant la fertilité des sols. Compléter ces identifications permettrait de développer un outil d’évaluation des capacités des sols à protéger les matières organiques ou à les transformer en nutriments. Les résultats de ce projet ont également été utilisés dans la création d’un outil d’aide à la décision à destination de techniciens et agriculteurs pour visualiser l'impact, sur le long terme, de différentes pratiques agricoles locales sur les rendements de cultures en lien avec l’évolution de la fertilité des sols.

Prochaine étape ?
Poursuivre ces recherches sur la biodiversité microbienne des sols en les étendant à de nouvelles régions de Madagascar. Cela participerait à l’identification et la diffusion de pratiques agroécologiques adaptées aux différentes conditions locales et conciliant lutte contre l’insécurité alimentaire et protection du fonctionnement de nos sols.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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