Entre science et engagement, la jeune chercheuse malgache Fluorida Razafimanirisoa traque les microplastiques dans les mers de Toliara et porte la voix de la nouvelle génération à Mombasa.
Du 28 septembre au 3 octobre, Mombasa a accueilli le 13ᵉ WIOMSA Scientific Symposium, grand rendez-vous régional de la recherche marine.

Sous le thème « One Ocean, One Future », l’événement a réuni des scientifiques d’Afrique de l’Est et des îles voisines pour discuter pollution plastique, changements climatiques et perte de biodiversité. Parmi eux, trois jeunes Malgaches membres de Youth Community, dont Avenue Fluorida Razafimanirisoa, étudiante en master à l’Institut Halieutique de Toliara, ont représenté la nouvelle génération. Fluorida y a présenté une étude sur l’ingestion de microplastiques par l’oursin comestible Tripneustes gratilla.
À Toliara, la pollution plastique s’infiltre partout : dans le sable, les algues et les organismes marins. L’étude de Fluorida le démontre clairement. Sur 60 oursins analysés, 600 microplastiques ont été détectés, dont 90 % de fils bleus, probablement issus de filets de pêche. « Je voulais montrer que la pollution plastique ne se limite pas à un problème global, mais qu’elle touche directement notre environnement côtier », explique-t-elle. L’espèce étudiée, très consommée localement, révèle une contamination qui interroge la sécurité alimentaire.
À Mombasa, Fluorida a découvert que le problème s’étend à toute la région de l’océan Indien occidental. « Des chercheurs du Kenya, de Tanzanie ou des Seychelles ont présenté des résultats similaires sur les coraux ou les poissons », confie-t-elle. Le symposium, labellisé UN Ocean Decade Activity, a mis en avant la nécessité d’un dialogue entre science, politique et société. « La recherche seule ne suffit pas. Il faut relier nos travaux aux décisions et à la gestion des ressources », souligne la jeune scientifique.
À Toliara, Fluorida s’investit dans des associations comme Youth Community et le Club Vintsy Vatohara, qui organisent des nettoyages de plages et des programmes d’éducation environnementale.

« Ces actions sont essentielles pour éveiller une conscience collective. On ne peut pas protéger la mer sans impliquer les communautés », dit-elle. Au laboratoire, elle travaille aussi sur une piste durable : la production de bioplastiques à base d’algues marines, afin de réduire la dépendance aux plastiques classiques tout en valorisant les ressources locales.
Le coût des alternatives écologiques, les habitudes de consommation et le manque d’infrastructures freinent encore la transition. « Changer les comportements demande du temps et de la conviction », reconnaît Fluorida. Mais sa participation au WIOMSA lui a donné un élan nouveau : « Voir d’autres jeunes femmes africaines s’imposer dans la recherche m’a inspirée. Nous avons un rôle essentiel à jouer dans la protection de l’océan. » De retour à Toliara, elle poursuit son engagement entre science, sensibilisation et innovation, afin de réduire concrètement la pollution plastique sur les côtes malgaches.
Mpihary Razafindrabezandrina
clubvintsyvatohara@gmail.com