Natiora Defenders : Raconter pour résister
4 novembre 2025 // Nature // 2062 vues // Nc : 190

On parle souvent de ceux qui détruisent la nature, et moins de ceux qui la défendent. L’organisation Natiora Defenders, créée en 2024, a choisi de changer cette narration. Plutôt que de brandir des pancartes ou de rédiger des rapports vite oubliés, ces jeunes militants racontent. Ils racontent les visages, les voix, les blessures et les victoires de ceux qui, sur le terrain, se battent pour préserver les richesses naturelles du pays. Leur arme ? Le storytelling.

©photo : Natiora Defenders

Tout a commencé par une série de rencontres sur le terrain. « Nous avons compris que ces défenseurs de la nature, souvent issus des vondron’olona ifotony (communautés locales de base), faisaient un travail colossal, mais restaient invisibles », raconte Tsanta Fanilo Rabemiarana, coordonnateur du projet. De cette prise de conscience est née Natiora Defenders, une ONG qui documente leurs histoires et les diffuse sur les réseaux sociaux, sous forme de vidéos, de récits, de portraits. Une manière de redonner souffle et dignité à ces « héros de la nature ».

Leur premier projet, Ocean Defenders, en collaboration avec WWF, Mihari et Natural Justice, a mis en lumière dix gardiens des mers venus d’Anakao, Morombe, Fenoarivo Atsinanana, Maintirano, Mahajanga et Nosy Faly. Des pêcheurs, des plongeurs, des nettoyeuses de plage. L’une d’elles a vu sa maison détruite après avoir osé prêcher la propreté sur le rivage. « Son courage nous a bouleversés. Nous estimons que raconter son histoire, c’est lui redonner la place et la considération qu’elle mérite », confie Tsanta Fanilo. Pour Natiora Defenders, ces récits – filmés et partagés – ne sont pas de simples « tantara » (histoires), mais constituent de vrais boucliers pour ces héros. Les membres de l’ONG affirment que défendre la nature n’est pas toujours un tour de manège ni de simples balades en forêt. « C’est aussi risquer de s’y brûler les ailes », signale le coordinateur du projet. Beaucoup de défenseurs locaux subissent des pressions, parfois même des menaces, venant tous azimuts.

Mais Natiora Defenders ne s’arrête pas aux récits. Avec ses partenaires, l’équipe forme ces champions locaux aux procédures juridiques et milite pour leur donner une voix lors des grands forums environnementaux. « Nous préparons la deuxième cohorte, Forest Defenders, pour faire émerger les protecteurs des forêts », annonce Tsanta Fanilo avec une fierté tranquille. À Andasibe, un certain Solo, villageois d’Ampangalatsary, incarne cet engagement. Protecteur infatigable de l’Indri Indri, le plus grand lémurien de l’île, il a inspiré le projet Endrigna Ecovillage, sous l’aile de l’organisation. « L’Indri aurait sauvé la vie de son grand-père », raconte Tania Rahajaharivony, chargée de communication du projet. « Ici, chaque arbre replanté, chaque enfant scolarisé, chaque repas partagé devient une forme de résistance », rajoute-t-elle. Cette initiative allie reforestation, agroécologie et éducation. « Dans une vision où l’écologie n’est pas un luxe, mais un mode de vie », souligne la chargée de communication.

À Andasibe, l’équipe prépare même un bootcamp de sensibilisation pour étudiants et entreprises curieuses d’observer la biodiversité autrement. L’objectif ultime de chaque action est le changement collectif de comportement. « Il faut protéger avant qu’elle ne s’éteigne à petit feu. Les grands bouleversements commencent souvent par une histoire bien racontée », lance Tsanta Fanilo.

Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Natiora Defenders
Contact : fanilo.coordoprojet@natioradefenders.org

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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