Claudio Rabe : La danse dans les gènes
2 septembre 2020 // Arts de la scène // 6467 vues // Nc : 127 - 128

Chorégraphe, danseur-interprète et musicien, Claudio Rabe fait partie des lauréats de l’appel à projets « Demain sera mien » de la Fondation HY, lancé en juin dernier. Il travaille à un ambitieux programme étalé sur sept ans, baptisé « XY », entre chromosomes, gènes et genèse artistique.

Il est le fils d’un chorégraphe malgache et a lui-même grandi dans l’univers du hip-hop. Pendant seize ans, il évolue au sein de la compagnie de danse AndRabe et collabore avec de nombreux chorégraphes nationaux et internationaux comme Dimitri Tsapknis, Marc Vincent ou Gaby Saranouffi. Il s’impose dans le milieu à travers différentes créations telles Gaigylahy (2010), Sun Above (2011) ou Je suis (2014). Au cœur de son écriture chorégraphique, se place la question de l’identité de l’homme et de la femme. Un sujet qu’il fait ressortir dans sa pièce Er’ngia (Les Gars) où il questionne la masculinité. « J’ai fait appel à différents danseurs et danseuses pour réaliser une pièce chorégraphique et seuls des hommes ont répondu, alors je me suis dit : pourquoi ne pas parler de la virilité ? » Une pièce qui a été réadaptée en mars 2016 par trois danseurs réunionnais lors d’une résidence à la Cité des Arts de Saint-Denis. »

Mais Claudio Rabe s’est surtout dévoilé à travers #31# (« inconnu » en langage téléphonique) qu’il a présenté au Festival Masa en Côte d’Ivoire en mars dernier. Dans cette pièce autobiographique, le jeune chorégraphe livre son parcours de danseur et d’homme. « C’est un voyage intérieur entre folies et désirs. En tant que fils de chorégraphe, j’étais programmé pour faire de la danse. Mais je découvre le rap et je trouve le moyen de sortir de la danse institutionnelle. Il fallait créer une séparation entre les deux mondes, vivre avec la contrainte de danser pour rester normal aux yeux de mes proches et trouver une liberté dans le rap pour ne pas devenir fou. À 18 ans, j’ai le déclic lors d’une participation à un festival et après une formation, je me lance corps et âme dans ma vérité de la danse. Après un parcours fait de rigueur et d’académisme, j’ai trouvé mon écriture. De recherche en recherche, cette écriture est en perpétuelle construction. »

Il veut aussi mettre la danse au profit de l’éducation des jeunes. Une des raisons pour lesquelles il fonde la compagnie de danse My Crew en 2013. Un collectif de six danseurs dont l’objectif est de mener des actions culturelles et de développement durable, surtout dans la région Antsinanana dont il est originaire. « Nous avons créé Art-iAry, un festival international de danse en paysage urbain comme outil de sensibilisation à la propreté des villes de Toamasina et de Fénérive-Est. En 2017, la compagnie est devenue une association et nous avons construit le premier éco-village touristique à Toamasina. » Actuellement installé à La Réunion, il a recréé My Crew mais se consacre aussi à la musique, une de ses premières passions. « J’ai fait de la musique assez tôt en parallèle avec la danse et je n’ai jamais arrêté, ce sont deux domaines similaires. Depuis l’année dernière, je veux faire quelque chose de sérieux. J’ai déjà enregistré des sons, je collabore avec de jeunes musiciens malgaches, Saïra au niveau de l’arrangement. »

En ce moment, il travaille sur son premier E.P. intitulé RVB.E en relation avec la couleur à savoir R pour rouge terre, V pour vert végétal, B pour bleu ciel et E pour échanges. « Je réfléchis sur la couleur de ma musique, entre des sons électro, hip hop et traditionnels. Mais c’est aussi en lien avec la problématique de la couleur de la peau qui est un sujet d’actualité. » Toutes ces créations et celles qui sont en cours font partie d’un grand projet qu’il a baptisé XY, un programme artistique étalé sur sept ans, « chiffre symbolique représentant la compréhension de l’univers ». « XY renvoie aux chromosomes, à l’idée de vie, de corps et de création. Avec la Compagnie, nous nous donnons sept ans pour mettre en œuvre sept réalisations dont certaines ont déjà commencé. Une restitution de tous ces projets est prévue pour 2026. »

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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