Blommersia dupreezi : La grenouille lanceuse d’alerte
22 juin 2023 // Nature // 3172 vues // Nc : 161

Alors que 99 % des 300 espèces de grenouille qu’on trouve à Madagascar sont des espèces endémiques, la Grande Île n’en finit pas de dévoiler des surprises. C’est ainsi que les scientifiques ont découvert une nouvelle espèce dans le sud, le Blommersia dupreezi, au hasard d’une recherche menée depuis le mois de janvier dans cette région.

Alors que le professeur Louis du Preez se trouvait dans le sud de Madagascar dans le cadre d’une étude sur les parasites qui affectent les amphibiens, notamment les grenouilles, il est tombé sur cette nouvelle espèce en allant sur la trace de ses parasites. « À la base, je suis venu étudier divers groupes de vers minuscules qui infectent les grenouilles, comme je l’ai déjà fait en Australie. J’ai estimé que pour comprendre ces parasites, je dois connaître leurs hôtes principaux, et il s’avère que ce sont les grenouilles. Donc maintenant je conduis çà la fois des recherches sur les parasites et les grenouilles, ce qui m’a conduit à la découverte d’une nouvelle espèce de grenouille jusqu’ici ignorée de la science. » Une découverte dont la nomenclature est tirée de son nom, et ce, pour faire honneur à ce scientifique qui s’intéresse de près à l’un des vertébrés les plus menacés de la planète, comme le souligne le comité en charge des nomenclatures, composé par des scientifiques allemands de l’Université de Braunschweig, Landesmuseum et le musée zoologique de Munich.

© Photo : North West University (South Africa)

À l’heure actuelle, les scientifiques savent déjà que l’espèce appartient à la famille des Mantellidae, mais contrairement à la plupart des 220 espèces de grenouilles de cette famille, son contact n’est pas toxique. Du reste, aucun recensement n’est possible dans l’état actuel de la recherche, néanmoins, force est de constater qu’il s’agit d’une espèce qui risque l’extinction, comme les autres grenouilles. «Les grenouilles étaient les premiers animaux qui ont abordé la terre ferme il y a 350 millions d’années. Elles jouent un rôle important dans l’environnement et maintiennent l’équilibre dans la chaîne alimentaire. Non seulement, elles mangent énormément d’insectes, mais servent aussi de nourriture pour de nombreux autres vertébrés » rappelle le professeur Louis du Preez. Néanmoins, la fragilité de cette espèce ne décourage pas les scientifiques, au contraire, elle permet d’anticiper les changements à venir dans leur habitat naturel. En effet, il s’agit d’une espèce particulièrement vulnérable à la moindre variation de température et de déséquilibre, ses migrations et sa disparition annoncent donc les futures migrations des espèces qui partagent dans un milieu. Mieux, les comportements du Blommersia dupreezi servent d’alarme par rapport à la dégradation d’un écosystème, une aubaine pour anticiper les actions adéquates pour la préservation de l’environnement.

Suite à cette découverte à la fin du mois d’avril, le professeur développe actuellement une stratégie pour accélérer les recherches. Il s’agit d’une démarche innovante. «Le but, c’est de rassembler le grand public et la communauté scientifique. Quand un touriste souhaite visiter la zone en question, l’application indique quelles espèces de grenouilles, il peut trouver là, ils peuvent donc nous aider à identifier ces grenouilles. » Les scientifiques s’appuieront donc sur les touristes pour alimenter leur base de données concernant cette espèce.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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