François Maurel Ravololoarisoa « Besoin d’espace, d’aventure et de liberté »
4 novembre 2020 // Photographie // 2054 vues // Nc : 130

Pour lui, la photographie est un médium puissant qui lui permet de véhiculer des messages fort parlant à la conscience collective. Aventurier de l’image, il n’hésite pas à traiter de sujets allant à contre-courant de cette société formatée par l’uniformité du regard commun.

Côte sud-ouest, la route de l’impossible.
Un sujet de Manakara à Fort-Dauphin par la route.
Photo d’une grand-mère dans une gargote à Vaingaindrano.

« J'ai choisi dès le début de renoncer au traitement d'une actualité brûlante ou de masse. J'ai fait le choix d'un travail en toute indépendance sur des sujets de fonds, en prenant tout le temps nécessaire. » Voyager et aller là où les gens ne vont pas constitue la démarche de l’artiste. Depuis 2007, il décide d’explorer le monde, de multiplier les expériences et les terrains. Il est bien sûr influencé par les grands noms de la photographie comme Pierrot Men ou Reza Deghati, mais il a su développer son propre regard. « Rencontrer les intouchables en Inde, les Indiens Arhuacos de Colombie en zone interdite, aller dans les favelas de Rio de nuit, rencontrer les tribus en Amazonie, les nomades dans le désert du Sahara, retourner pour la onzième fois chez les Vezo à Saint-Augustin… cela fait partie de mon questionnement personnel. Mais pour cela, il faut quitter sa zone de confort, oser aller loin, là où personne n’ose aller pour tenter de voir et apprendre à voir. L’idée reste de transformer l’expérience en conscience. »

Belo sur Mer, Fev 2020.
Travaux photographiques sur les Vezo depuis 2014.
Travaux en cours.11 séjours sur le canal du Mozambique de St Augustin à Morondava.

Né au Niger d’un père français et d’une mère malgache, François Maurel a grandi dans la diversité. Il a vécu dans 18 pays africains et une dizaine d’années en France. Depuis cinq ans, il habite au pays. « Mon lien avec Madagascar est indéfinissable, il coule dans mes veines et dans mon cœur. Ici, tout est propice à la photographie. Le peuple est chaleureux, contrairement à beaucoup d’autres pays. » En 2013, il commence un sujet profond sur les Vezo, vivant avec eux durant près de 15 mois en mer sur la côte ouest. Il a pu naviguer depuis Saint-Augustin au sud de Toliara et remonter jusqu’à Morondava.  Ce travail a été exposé en France, à Rio de Janeiro (Brésil) dans les favelas de Santa Marta et l’année dernière au musée de Copacabana.

Projet Photo "Inside out, Identity" La Réunion Kely, tana.
Un reportage de 10 jours au cœur du bidonville avec des ateliers de rues pour retrouver la dignité du regard...
Des ateliers sur l'image et des expositions itinérantes avec les habitants qui ont choisi eux même les tirages sur des matériaux de récupération. Sans plan, et sans aide extérieur, sans guide ou association, sans but matériel ou financier. 2013/201.

« Madagascar a une résonnance mystérieuse et comme envoûtante dans le monde. Le Brésil est lié sans le savoir avec ce pays. Le fameux groupe de musique Olodum a d’ailleurs écrit une chanson sur la Grande Île en 1991. J’ai ensuite exposé les Brésiliens des favelas de Rio dans le quartier de La Réunion Kely, à Tana. Une sorte d’atelier de rue improvisé pour donner une identité et une attention. »

Projet "Inside Out" La Reunion Kely, Tana, 2013.

François Maurel continue de parcourir le monde pour des expéditions encore plus intenses et engagées. « Je voudrais aller en Papouasie Nouvelle-Guinée, terminer un documentaire vidéo sur les indiens chamans de la Colombie que j’ai débuté en 2018. Je souhaite également fédérer les acteurs de l’image engagée à Madagascar et créer un grand festival du continent africain à Madagascar en 2022. »

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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