Ashiko Ratovo : Artiste touche-à-tout
3 février 2023 // Arts Plastiques // 4052 vues // Nc : 156 - 157

A 24 ans, Ashiko Ratovo, celle qui a réalisé la couverture de ce no comment® du mois de février, est une touche-à-tout. Elle évolue à la fois dans la sculpture, la broderie et la peinture. D’ailleurs, c’est une des premières artistes malgaches à avoir créé sa propre marque de peinture, plus particulièrement, de l’aquarelle, qu’elle a baptisée Lokorano (Couleur de l’eau).

Comment est venue l’idée de créer Lokorano ?

J’ai une passion pour la peinture notamment l’aquarelle. Je voulais des aquarelles fait maison depuis toujours puisque c’est un matériel qui coûte très cher et être artiste à Madagascar n’est pas facile. Je voulais aussi offrir une alternative aux artistes malgaches et leur permettre de consommer local. Cela me permet également de créer mes propres couleurs que je ne retrouve pas forcément dans les palettes importées. Lokorano (couleur de l’eau), c’est une peinture à base de pigments de terre recueillis à Antananarivo Atsimondrano avec un liant fabriqué avec le miel d’Ambositra. Pour les couleurs plus vives, j’importe de la poudre de mica. Pour réaliser cette peinture, je crée mon liant, j’ajoute le pigment à part égal et je mets tout dans un mortier.

Ensuite, je travaille la pâte pendant 30 ou 40 minutes dans un godet grâce à une spatule ou un couteau. Je les laisse sécher deux ou trois jours, ensuite je rajoute une autre couche et je laisse sécher pendant une semaine. Pour une palette de six couleurs, il me faut une semaine et demie. Tout est fait à la main, que ce soit le packaging, la palette en argile, les pochons…

lokorano - Palette IVY et IMA.
Sandrify - Ny Vohitrin’ny Nofy, 35x35, lamba landy, argile, acrylique blanc.

Tes débuts dans la peinture ?

Je dessine depuis 2015 en autodidacte. Je crée intuitivement en combinant multiples techniques et matières pour offrir ma propre vision du monde. Cette passion pour le monde de l’art vient de mon arrière-grand-père le célèbre peintre-sculpteur, Georges Razanamaniraka. J’aime à éveiller  les sentiments et les émotions des spectateurs à travers mes œuvres et mes textes. Mais je suis entrée dans le monde professionnel depuis près d’un an. Grâce à la Fondation H à travers leur appel à candidature d’art contemporain, PARITANA. Ensuite, j’ai suivi la formation Ainga toujours initiée par la Fondation H destinée à une vingtaine d’artistes de l’océan Indien. J’ai d’ailleurs réalisé une fresque murale dans leur espace de vie commune au sein des locaux du groupe AXIAN. Elle s’intitule Feo exposée sur 15 m ² composée de sculpture en plâtre et de peinture acrylique. Feo représente la voix intérieure qui se trouve être le moteur de toutes nos idées, de notre créativité et de notre identité.

Jupiter (2021) 120x80, gold leaf, pierre noire, graphite 6b, acrylique, mixtion.
Famihy - Vohitrin’ny Nofy  (2022) 110x70, modeling paste, acrylique , pastels secs , fixatif.

Egalement, une première exposition personnelle ?

Oui, c’était en octobre 2022 intitulée « Ny Vohitrin’ny Nofy » ou Les reliefs des songes. Le projet d’exposition a été initié par Art’Home à Ankadilalana pour promouvoir les artistes de la scène malgache. Les tableaux étaient répartis en 5 séries différentes en représentation des rêves récurrents comme les rêves créatifs (Hary), cauchemardesques (Famihy), érotiques (Tsimoka), lucides (Hazoambo) et prémonitoires (Vovoka). L’une des particularités de cette exposition est la série d’œuvre Tsimoka (rêves érotiques), où l’ode à la gente féminine est représentée par trois tableaux à l’aspect des plus provocateurs des mœurs malgaches. Ce choix a été inspiré par l’envie de mettre fin au tabou et à l’hypersexualisation du corps de la femme dans notre culture. Chaque pièce est unique de par sa technique, en passant par l’acrylique jusqu’à la sculpture ou par le style du tableau entre l’abstrait et le figuratif. Il y a en tout 11 tableaux et une série de 3 pièces, et une de 2 pièces inséparables. 

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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