Tantely Orion : Un docker devenu développeur web
19 août 2023 // Success Story // 2179 vues // Nc : 163

En quelques mois, Herindrainy Tantely Andrianambinina, dit Tantely Orion, est passé de la manutention de marchandises à la manipulation de JavaScript. Depuis, les entreprises étrangères s’arrachent ses prestations en développement, et des coaches en développement personnel le brandissent comme un exemple. Son parcours peut faire penser à celui d’un jeune transfuge de classe tout droit sorti d’un roman de Charles Dickens, une ascension pavée avec détermination.

Titulaire d’un baccalauréat littéraire (série A1), rien ne prédestinait Tantely Orion à s’orienter dans le développement web, mais la crise sanitaire l’a obligé à se remettre en cause et à renouer avec sa passion primaire, l’informatique. « J’ai voulu décrocher un baccalauréat scientifique, mais suite au décès de mon père, je n’avais pas le mental pour y arriver. Puis, j’ai suivi des études de sciences sociales à l’université de Fianarantsoa, mais la crise sanitaire a déréglé le déroulement des cours et je me suis dit que cette filière ne me convenait pas. Et comme j’ai déjà appris des notions d’informatique au lycée, je me suis reconverti en génie logiciel. » Dès lors, il s’est mis en route pour la Capitale sans attendre la réouverture des routes nationales, dans l’espoir de bénéficier d’une formation digne de ce nom. « Là-bas, j’étais orpailleur, mais c’est un métier sans avenir, car le saphir, c’est une question de hasard. Alors j’ai dû quitter la campagne, ce qui était assez bizarre, car nous étions en plein confinement, et comme nous n’avions pas les moyens, nous avons marché jusqu’à Antananarivo. »

Il a voulu poursuivre des études en informatique au CNTEMAD, un vœu qui tourne court à cause de problèmes financiers. Pour se relever après ce coup dur, Tantely Orion a trouvé le moyen d’apprendre autrement. « Je suis devenu docker, j’ai dormi dans la rue. Mais en même temps, je continuais à apprendre dans les cybers et en fréquentant des communautés à chaque fois que j’en avais l’occasion. J’ai même appris la programmation sur le papier, je pratiquais sans ordinateur ni Android. Ensuite, je suis devenu livreur de produits de beauté pour une boutique en ligne, je gagnais à peine 100 000 Ariary mais au moins, j’avais un toit et de quoi manger. J’ai pu continuer à être autodidacte dans le développement web, j’ai réussi à m’organiser entre les livraisons. »

Au moment d’entrer dans le monde professionnel du haut de ses 23 ans et de ses compétences acquises tout seul, les entreprises locales lui ont fermé la porte au nez. « A Madagascar, la plupart des recruteurs considèrent les diplômes et non le professionnalisme. À ce niveau-là, je suis perdant, mais côté expérience, je peux concourir avec un ingénieur. J’ai beaucoup d’expérience, mais pas de diplôme, par contre, j’ai beaucoup de clients en tant que freelance. J’ai utilisé mes acquis sans attendre d’être un professionnel, parce que pour moi, le savoir-faire doit être capitalisé et ne pas rester à l’état de simples connaissances. » Dans les faits, Tantely Orion avoue qu’il n’a rien à envier aux employés des grandes boîtes, même si son humilité ne dévoile pas combien il gagne, les progrès du jeune homme laissent entendre qu’il a laissé les mauvais jours derrière lui. Moins d’un an après avoir soulevé des marchandises, Tantely Orion se présente aujourd’hui comme une étoile montante à suivre de près. « Je travaille sur des applications en phase d’essai, dont une dédiée aux artistes émergents. J’ai aussi la vision de créer une boîte de développement web et Android, dans cinq ou six ans, et je sais déjà comment elle va s’appeler : Digitapia. »

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Tantely Orion : +261 32 72 585 83

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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