Razaka Ralphine « Les handicapés ne connaissent pas leurs droits »
6 décembre 2021 // Assos // 1932 vues // Nc : 143

À Madagascar, les handicapés font encore face à de nombreux problèmes comme le manque d’accès aux soins, à l’éducation, le manque d’infrastructures adaptés à leur handicap, comme nous l’explique Razaka Ralphine, présidente du Réseau national des femmes handicapées de Madagascar.

Il n’existe pas de chiffres exacts sur le nombre de personnes handicapées à Madagascar ?
C’est un sujet qui n’intéresse pas les gens, donc nous n’avons pas de chiffres officiels.
Il faut savoir qu’il y a quatre grands types de handicap, physique, visuel, auditif et mental. Mais il y a également des handicaps qu’on ne prend pas en compte, comme l’autisme.
Dans les pays développés, les personnes atteintes d’AVC (accident vasculaire cérébral) sont considérées comme handicapées et l’acceptent. À Madagascar, on ne les classe pas comme telles.   

Comment définir le handicap ? 
C’est une indisposition d’un ou plusieurs organes chez un individu, qui bloque sa capacité à effectuer les gestes du quotidien. Le handicap est incurable.
En revanche, le terme « personne en situation de handicap » veut dire que c’est passager.

Comment sont perçus les handicapés au sein de la société malgache ?
Les personnes handicapées partagent le même problème : le manque de considération vis-à-vis de l’État et de la société, je dirais que c’est du dédain. Il y a également le manque d’éducation, car dans la plupart des cas, les écoles sont loin et il est difficile pour une personne handicapée de se déplacer.

Pourtant, une loi existe ?
Il y a la Loi n° 97-044 du 2 février 1998 sur le droit des personnes handicapées à Madagascar mais elle est insuffisante. La plupart des personnes handicapées et même les responsables politiques ne connaissent pas son contenu ! De plus, les pays sous-développés n’ont pas de représentants dans les différentes réunions mondiales, continentales ou régionales contre le handicap, même si Madagascar est financé par Handicap International, une association qui agit dans les situations de pauvreté et d’exclusion aux côtés des personnes handicapées.

C’est là où vous entrez en jeu…
Il fallait un représentant pour aller à New York et j’ai été choisie parce que je correspondais aux critères exigés par les bailleurs. Nous avons vu tous les aspects de la Convention qui été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2006. Mais pour qu’elle soit applicable, il faut d’abord la ratifier. À mon retour à Madagascar, j’ai plaidé pour cette Convention qui n’a été ratifiée par notre pays qu’en 2015, dix ans plus tard ! Le ministère de la Population a finalement mis en place un comité interministériel et nous avons pu exiger que chaque fois qu’il y aurait des discussions sur le handicap, nous devions être convoqués.

« Les pays pauvres n’ont pas de représentants dans les différentes instances contre. le handicap »

Aujourd’hui, cette convention est-elle appliquée ?
Malheureusement, non, même si je suis devenue entretemps le responsable des personnes handicapées et des personnes âgées au sein du ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme, ce qui était déjà un grand pas. Nous pouvons nous battre, non plus dans la clandestinité, mais ouvertement. J’ai quitté le ministère car la direction où j’étais a été abrogée, donc rien n’a vraiment été fait.

Et depuis ?
J’ai pris une retraite anticipée pour me consacrer aux associations et j’ai constaté que les personnes handicapées à Madagascar manquent de soins, de nourriture et de connaissances en matière de droit. Par exemple, aux Pays-Bas, l’équipement pour les personnes handicapées comme les fauteuils roulants, les appareils auditifs ou orthopédiques est pris en charge par l’État. Madagascar et de nombreux pays africains sont encore loin derrière.

Parlez-nous de la Plateforme des fédérations des personnes handicapées ?
Elle est à Madagascar l’interlocuteur officiel auprès de l’État, des bailleurs, des organisations internationales et des organisations des droits de l’Homme. J’ai aussi pris l’initiative de créer le Réseau national des femmes handicapées de Madagascar (RNFHM), car si nous avons des droits communs, nous savons que les femmes ont des besoins spécifiques. La lutte est encore longue.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - La Table des Hautes Terres : un voyage culinaire au cœur des traditions

Lire

21 mars 2025

La Table des Hautes Terres : un voyage culinaire au cœur des traditions

Au restaurant La Table des Hautes Terres, niché au sein de l’hôtel Palissandre, la gastronomie prend une dimension authentique avec la nouvelle carte...

Edito
no comment - Earth Hour pour la Planète

Lire le magazine

Earth Hour pour la Planète

Beaucoup plus discrète que l’iconique Journée du 8 mars sans pour autant être un combat moins pertinent, le 22 mars reste une journée ou plutôt une soirée à noter dans son agenda. En effet, de 20h30 à 21h30 cette soirée-là marquera une célébration des plus simples, mais des plus symboliques. Durant une heure, tout le monde sera invité à éteindre la lumière et couper les appareils électroniques non essentiels, en réponse à deux doubles urgences : celle du changement climatique et celle de la perte de biodiversité.
Madagascar est doublement impacté, dans la mesure où nous sommes un écosystème à part entière et l’un des premiers pays où l’on voit la conséquence du changement climatique. Au-delà de cette célébration pour le moins assez particulière je vous l’accorde, c’est tout un combat qui doit être réalisé par tout un chacun afin de réaliser un véritable changement.
Limiter sa consommation de charbon de bois, ne pas jeter ses détritus n’importe où ou encore privilégier le recyclage, voilà des petits gestes qui valent beaucoup. Chers lecteurs, soyons le changement que nous voulons voir !

no comment - mag no media 11 - Mars 2025

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Lancement de la saison culturelle de l’Alliance Française d’Antananarivo

Journée portes ouvertes et lancement de la saison culturelle de l’Alliance Française d’Antananarivo à Andavamamba, le 08 Février.

no comment - Lancement de la saison culturelle de l’Alliance Française d’Antananarivo

Voir