Septembre sera chaud pour les scouts malgaches. Deux rendez-vous continentaux majeurs débarquent sur la Grande Île, histoire de rappeler que le mouvement local a grandi. Fini le temps où Madagascar restait dans l'ombre du scoutisme africain.
Il y a des mois où tout bascule. Septembre 2024 en sera un pour le scoutisme malgache, avec cette double échéance qui tombe comme une évidence : le 10e Forum Africain des Jeunes du Scoutisme les 14-16, puis la 19e Conférence Africaine quatre jours plus tard. Deux événements qui, mis bout à bout, disent une chose simple : Madagascar n'est plus dans les starting-blocks du scoutisme continental. Derrière cette reconnaissance, il y a le Firaisan'ny Skotisma eto Madagasikara (FSM), cette fédération qui rassemble les différentes obédiences scoutes de l'île. Car le scoutisme malgache, contrairement aux apparences, ne se résume pas au seul Tily eto Madagasikara. Même si cette vénérable institution de 1924, forte de ses 54 000 membres éparpillés sur 33 districts, reste la plus visible.
« Le scoutisme, dans sa généralité, ne se base pas sur la religion », rappelle Mampita Iorenana, chargé de communication au Tily. « Mais, dans notre cas, c'est par l'église que nous l'avons intégré. Mais il existe des scouts laïques comme le Kiadin'i Madagasikara. » Cette cohabitation entre mouvements confessionnels et laïques ? Une spécificité malgache qui séduit bien au-delà des côtes de l'île. Au CCI Ivato, le Forum des Jeunes va brasser du monde et des idées. L'objectif n'est pas franchement mystérieux : créer ce fameux comité "jeunes" qui donnera un coup de neuf aux instances continentales. « C'est durant ce forum que nous créons le comité "jeunes" dont des jeunes conseillers, qui feront partie des entités de décision », détaille Fakena Ken Andriatseheno, commissaire international. Ces jeunes-là, ils ne feront pas de la figuration : ils représenteront leurs associations dans les grandes messes internationales.
Le timing n'est pas innocent. Dans un continent où l'âge médian flirte avec les vingt ans, parler de leadership jeune n'est plus un slogan creux. C'est une nécessité. Les discussions tourneront autour de la gouvernance, de l'engagement citoyen – bref, tout ce qui dépasse le traditionnel feu de camp. Puis viendra la 19e Conférence Africaine, le vrai moment politique de cette semaine exceptionnelle. C'est là que se jouera l'élection du nouveau comité africain du scoutisme, cette instance qui tire les ficelles du mouvement continental. Madagascar y compte déjà un représentant, Teky Mandroso, preuve que l'île a su gagner ses galons continentaux.
Cette reconnaissance continentale masque une ambition plus large. Le FSM ne cache pas ses velléités d'expansion, s'appuyant sur un réseau international rodé et une commission dédiée qui joue les intermédiaires entre les opportunités extérieures et les scouts locaux. Juste après septembre, l'officialisation d'extensions en France et à Maurice viendra confirmer cette stratégie. Car au fond, ces événements révèlent autre chose : Madagascar a compris que sa position géographique, coincée entre Afrique et océan Indien, constitue un sacré atout. Le scoutisme malgache ne subit plus l'agenda continental, il contribue à l'écrire. Cette « école de la vie » qui forme les jeunes de trois à trente ans trouve enfin son public au-delà des frontières insulaires.
Rova Andriantsileferintsoa
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