Razaivelomanana Eva : Faiseuse de bien-être
18 mai 2024 // Métiers & Petits Métiers // 2685 vues // Nc : 172

Vous avez forcément déjà vécu cette situation lors de vacances sur les côtes de Madagascar. Arrivé sur les plages les plus fréquentées, on se fait à tous les coups accoster par une horde de personnes dont certains vendent de la nourriture, d’autres des services.

Vous vous êtes déjà demandé comment ça fonctionnait ? Derrière ces gens se cache toute une organisation. Chaque personne que vous voyez sur les plages avec un panier à la main, un seau sur la tête ou autre appartient à une assemblée réunissant un même type de produit ou service. Chaque assemblée est ensuite divisée en plusieurs groupes qui se verront partager leurs bénéfices journaliers. Le long des plages de Maroala à Majunga, Razaivelomanana Eva  fait partie des innombrables personnes qui offrent de ses services aux visiteurs.

Elle s’identifie davantage à son service de massage sur lequel elle s’investît le plus. Sa grand-mère ayant été une masseuse connue de leur quartier, elle a appris en observant et en s’exerçant avec ses proches. Elle considère avoir eu un don dès son jeune âge et avec la bénédiction de sa grand-mère, elle en a fait son métier. Néanmoins, les masseuses englobent les services de mendhi (l’art du dessin au henné sur la peau), de tressage ainsi que de masque de santal ou « masonjoany ». Et contrairement au massage et au tressage qu’elle tient de ses ancêtres, Eva a développé son talent du dessin au mendhi et « masonjoany » grâce à l’expérience. Au début, elle avoue avoir eu du mal au point où les clients ne veuillent pas la payer car les dessins ne ressortaient pas comme sur les modèles, le fameux « satisfait ou remboursé ». Mais avec beaucoup de réparti elle ajoute : « Je ne leur en veux pas car je suis en perpétuelle formation et les remercie même pour leurs retours ».

Cela fait 10 ans aujourd’hui qu’elle est dans le métier et depuis ses vingt ans donc, elle part tous les jours de chez elle à 8h pour chercher des clients le long des bungalow et plages de Maroala, jusqu’à la tombée de la nuit. En basse saison, son groupe peut amasser deux à trois clients au total par jour voire même aucun et en haute saison, jusqu’à cinq clients journalier par personne ce qui fait un total de 30 clients par groupe. La concurrence est rude par ici et seuls ceux ou celles qui savent se démarquer auprès des clients peuvent espérer se faire rappeler pour de prochaines séances. Heureusement, depuis sa formation de massage au sein de l’Homéopharma, Eva a pu légaliser son activité de manière officielle grâce à un badge fourni par la commune. Ce badge confirme ses compétences de masseuse, lui prodigue la protection de la commune et lui permet d’accéder aux bungalows et autres établissements privés. Un laissé-passé en or pour la masseuse.

Les personnes comme Eva vivent uniquement de ces services-là et son quotidien n’est pas toujours tout noir ou tout blanc. Ce qu’aime Eva dans ce métier ? Travailler avec ses proches et discuter avec les clients sympas dit-elle. Sa technique infaillible pour se faire repérer ? Sa tchatche… « Vous êtes bien belle madame, vous méritez un petit massage », « Laissez-moi vous masser, c’est encore plus délicieux qu’une langouste au coco ». Et c’est ainsi que les clients tombent sous le charme de sa personnalité. 

Texte et photos : Lorraine Razafimbelo

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Lire

12 juin 2025

Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Les chiffres sont en hausse. La 11ᵉ édition de l'International Tourism Fair of Madagascar (ITM), le rendez-vous annuel des acteurs du secteur du touri...

Edito
no comment - Déconnexion

Lire le magazine

Déconnexion

Chaque mois de juillet, un phénomène saisonnier bien malgache s’observe : la migration estivale des familles tananariviennes vers leurs villages d’origine. Loin du bitume, des bouchons et de la Jirama capricieuse, c’est le grand plongeon anthropologique. À l’arrivée, les enfants ouvrent des yeux ronds : « Quoi, on peut faire bouillir de l’eau sans micro-ondes ? » Feu de bois, bassine en plastique et douche à ciel ouvert deviennent soudain les nouvelles technologies de pointe. On redécouvre que l’on peut cuisiner sans vitro-céramique, que les zébus ont toujours la priorité, et que l’eau du puits, ça muscle les bras et l’esprit. Quant au réseau mobile, il s’obtient en grimpant dans le manguier le plus proche. Mais attention, pas question de se moquer. Ce retour aux sources est aussi retour à l’essentiel : repas partagés, récits de grand-mère, jeux sans écran. Et en bonus, un stage intensif en autonomie énergétique, bien utile pour affronter les coupures à Tana. Finalement, c’est peut-être le village qui est le plus en avance. Bonnes vacances… et bon bain (à la bassine) !

No comment Tv

Interview – Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary - MAI 2025 - NC 184

Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar. 

Focus

Star tour à Antsonjombe

Star tour à Antsonjombe dans le cadre de la fête de la musique.

no comment - Star tour à Antsonjombe

Voir