À l’heure où l’Afrique cherche à dépasser le modèle de l’assistanat, de nouvelles initiatives misent sur la transmission et l’autonomie. À Madagascar, le laboratoire Ndao Hanavao forme des jeunes en réinsertion professionnelle à créer leur propre entreprise à travers le design social.


« L’ère de l’aide ou de l’argent gratuit est révolue. L’Afrique doit revoir en profondeur son approche du développement pour atteindre une croissance rapide », déclarait Akinwumi Adesina, ancien président de la Banque africaine de développement, parti à la retraite en août dernier. Une conviction déjà visible sur le terrain : au Rwanda, l’incubateur Inkomoko accompagne jeunes, femmes et réfugiés vers l’entrepreneuriat, tandis qu’à Madagascar, le PNUD, dans son programme 2024-2028, fait de l’entrepreneuriat un levier d’autonomisation à travers un appui technique et financier à 350 entrepreneurs, notamment dans les économies verte et bleue.
En avance sur cette tendance, Ndao Hanavao, laboratoire d’innovation et de formation en design social, accompagne depuis 2018 deux promotions de jeunes en réinsertion professionnelle pour créer leur propre activité. Créé par Rubis Mécénat, le fonds de dotation du groupe français d’énergie Rubis, et soutenu par Vitogaz Madagascar, le projet met à disposition un atelier équipé et des formations gratuites. La première promotion a été formée par le designer français Alexandre Echasseriau au recyclage des déchets plastiques, et la seconde par Samuel Tomatis, autour du recyclage des algues invasives de l’île Sainte-Marie.
Cette deuxième promotion vient d’achever sa formation en entrepreneuriat, après une année consacrée au design, afin de préparer la commercialisation du papier d’algue et de ses produits dérivés. Cinq jeunes de la première promotion ont, eux, fondé R’art Plast en 2022 et continuent de travailler au sein du laboratoire. « Beaucoup de jeunes peinent à trouver un emploi après leurs études, faute de diplômes ou d’expérience. Mais avec Ndao Hanavao, j’ai acquis des compétences en design, en français et en entrepreneuriat », témoigne Sandra Ramiliarisoa, cofondatrice de R’art Plast.
Ndao Hanavao illustre ainsi le post-assistanat évoqué par Adesina, en montrant ce que le design social peut apporter au développement : au-delà de la rentabilité et de l’emploi, le laboratoire travaille avec des collecteurs de déchets plastiques, d’algues invasives et des artistes, pour relier économie circulaire, création et inclusion. Aujourd’hui, R’art Plast poursuit la vente d’articles du quotidien fabriqués à partir de plastique recyclé, tandis que la deuxième promotion prépare le lancement de sa propre entreprise.
Mpihary Razafindrabezandrina
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