Làlana : Histoire de rues
13 novembre 2024 // Media & Add-0n // 5488 vues // Nc : 178

Très chers lecteurs, l’équipe du no comment® magazine vous écrit depuis la rue Kaleba Razafimino, où l’on fait la rencontre de Bax Ranoarivony. Son émission, diffusée tous les samedis soir sur la chaîne Viva, est quelque peu hors du commun. « Làlana » est une invitation à découvrir la culture, le nom et l’histoire de nos rues. Avec son équipe et son micro, le présentateur traverse toute la ville, depuis 2017, à la découverte de ces places par lesquelles l’on passe bien souvent sans vraiment connaître sa valeur.

Pourquoi parler de rues ?
Personnellement, je dirais que la rue fait partie de ma culture. En 2017, quand nous proposions des rubriques pour la matinale de la chaîne, nous sommes partis de l’idée que chaque suggestion corresponde à la personnalité de l’animateur, et de faire quelque chose que chacun maitrise et aime, pour en faire une émission. L’objectif de « Làlana » - à part ce côté street culture – est de ramener une pratique qui a disparu chez nous : dans les pays étrangers, il n’est pas difficile de se situer en utilisant le nom des rues, et ici, cette connaissance faisait partie des prérequis pour devenir chauffeur de taxi dans les années 1980. L’idée est de ramener cela, tout en rappelant aux gens que la rue par laquelle ils passent tous les jours porte aussi son nom et son histoire. Il est vrai que l’Histoire est une matière imposée à l’école et que c’est bon à savoir, mais on se demande souvent pourquoi nous connaissons les patriotes étrangers et pas les nôtres. Il y a cet aspect culturel et historique dans Làlana.

En 2020, après une courte pause et un changement dans la matinale, je l’ai repris, en tant qu’émission, avec la même musique de début, créée en 2008. Joindre l’utile à l’agréable, c’est comme cela que je décrirais l’émission : il apprend, pour que les spectateurs ressortent avec une connaissance en plus, à travers une façon de narrer qui n’est pas toujours la même.

Comment abordez-vous une émission ?
Le premier critère pour le choix des rues à présenter est la connaissance de son nom et de son histoire. Parfois, il faut plus de recherches dans les livres et sur internet, et parfois, nous demandons aux personnes âgées qui résident sur les lieux. Et bien sûr, nous comparons les informations avec plusieurs sources. Il y a certaines rues qui ont une histoire, mais elle est introuvable au moment où nous faisons l’émission. Elle réapparaît quelques mois plus tard, peut-être parce que la famille du porteur de nom, après avoir vu l’émission, a décidé de venir vers nous. Il y a les rencontres avec la famille et les recherches, puis avec l’équipe, nous essayons de résumer tout cela en une émission. Il arrive que nous n’ayons pas beaucoup d’informations, et parfois, trop, mais pas de photos. C’est à moi de les résumer en quelques pages. L’émission, à la différence de 2017, comporte aujourd’hui des rubriques et des titres. J’ai essayé de garder le concept de plateau en extérieur pour rechercher l’originalité, pour que le plateau change à chaque émission, et pour que le public puisse voir directement.

Des rues qui vous ont marqué ?
La première rue que nous avons présentée, en 2017, a été la rue Andrianary Ratianarivo, sur la montée d’Ampasamadinika. En y allant, nous nous sommes dits que nous pourrions faire une interview et demander aux personnes sur place s’ils connaissaient la personne qui porte le nom, et ce n’est pas grave si la réponse est la bonne ou pas : maintenant, c’est un peu comme un plan de situation pour ouvrir l’émission. Il y a certaines rues que nous avons reprises, mais je dirais que nous avons déjà fait plus d’une cinquantaine. L’année dernière, les responsables de la Direction des Arts, Culture et Vie Communautaire de la Commune Urbaine d’Antananarivo sont venus vers nous, et c’est ce qui a abouti à une collaboration : ils nous conseillent sur les rues à présenter, tout en nous fournissons des informations. Des difficultés, il y en a, mais il n’y a pas de temps pour s’ennuyer. Il y a des rues qui sont assez courtes, comme la rue Rainilaiarivony, d’Ambohitsirohitra au jardin d’Antaninarenina ; et il y en a d’autres qui sont assez longues, et qu’il nous faudrait aller en voiture, comme la rue Gilles Andriamahazo, entre Ampasika et Ambohibao.

Les rues de Tana et au-delà…
Sur la route, nous faisons souvent face à des situations drôles, mais nous faisons également la rencontre de personnalités importantes. Comme c’est de la street culture, j’essaye de donner un ton cool à l’émission, tout en modérant cela : aujourd’hui, je peux tourner, habillé en accord à ce côté street, et demain, je mettrais peut-être un costard, parce que c’est ce qu’on voit aussi dans la rue. Mais moi, je porte le même message que la Commune : si vous êtes une famille, ou que vous connaissez une famille de la personne qui porte le nom, faites-le savoir, ramenez l’Histoire auprès des responsables de la ville. L’émission « Làlana » elle, me suivra toujours, et d’ailleurs, je ne pense pas me limiter à Antananarivo. Je pourrais me retrouver en province, ou même au Brésil, je serai là pour raconter l’Histoire des rues du monde.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Numéro : 034 38 945 90

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Interview - Mascha et Vincent Paquot Rasquinet - Octobre 2025 - NC 189

Découvrez 𝐌𝐚𝐬𝐜𝐡𝐚 et 𝐕𝐢𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐏𝐚𝐪𝐮𝐨𝐭 𝐑𝐚𝐬𝐪𝐮𝐢𝐧𝐞𝐭, comédiens, dans le 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® NC 189 - octobre 2025. 
Au mois de septembre, les compagnies belges 𝐓𝐢𝐠𝐮𝐢𝐝𝐚𝐩 et 𝐅𝐓𝐋 𝐉𝐮𝐠𝐠𝐥𝐢𝐧𝐠 étaient de passage à Madagascar. Initialement venus dans la Grande île pour assister au mariage de leurs amis, les deux comédiens ont eu un agenda très chargé. Ils ont présenté – presque chaque jour – la pièce muette « 𝑰𝒅𝒚𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒓𝒂𝒄𝒂𝒅𝒂𝒃𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔 ».

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir