Kiraro Rainivony : La dynastie des pompes
28 décembre 2025 // Success Story // 93 vues // Nc : 191

C’est une histoire de chaussures qui traversent le temps, d’une famille malgache qui a survécu aux changements, à l’économie et à la vie. Rainivony. Son arrière-petite-fille, aujourd’hui coordonnatrice de projet, Rebecca Rakotovao revit les 103 ans d’existence dans ce bon vieil atelier de Sabotsy Namehana.

Qui était donc ce fameux Rainivony ?
Le récit débute à Ambondrona, dans la boutique d’un chausseur nommé Victor. À ses côtés travaillait un cuisinier, Pierre Rainivony. Cuisinier par métier, certes, mais l’œil toujours attiré par le cuir qui séchait dans l’atelier voisin. Chaque fin de service le voyait filer là-bas, comme d’autres vont aux champs après la pluie. Il apprenait en observant, puis en faisant, jusqu’à devenir un ouvrier de confiance. C’est ainsi que naquit Chaussures Rainivony, spécialisée dans la confection massive de modèles variés : escarpins, richelieus, bottines… autant de silhouettes qui défilaient dans l’atelier. L’entreprise rayonnait jusqu’aux provinces grâce à ses revendeurs.

Et puis, la concurrence avec les « Made in China »…
Le début des années 2000 a apporté l’invasion des chaussures chinoises. Prix cassés, qualité fragile, concurrence féroce. Malgré sa réputation, Rainivony dut fermer. Pourtant, le cuir est resté dans les veines des six petits-enfants. Parmi eux, Mihary Rakotovao, le père de Rebecca.

Voyant que la confection était saturée, il s’est tourné vers la cordonnerie. Un virage complet, presque une reconversion spirituelle : réparer, entretenir, redonner vie. En 2004, il ouvre la première boutique, toujours debout au Pavillon Analakely. Et puis, quand on y pense, les chaussures parlent de nous. Elles nous portent dans les bons jours et les moins bons. Les réparer, c’est une manière de respecter nos propres chemins.

Les techniques ont-elles changé ?
Pas tant que ça. L’expérience de la confection a aiguisé l’œil de la famille, notamment pour la réparation. Il y a parfois du “système D”, mais toujours dans les règles de l’art. Le vrai défi, désormais, c’est la matière première. On collabore avec la marque Topy, et localement, avec le cuir de zébu — dont le prix a bondi de plus de 65 % en avril. Les machines, elles, n’ont pas bougé : la vieille verreuse fonctionne encore comme au premier jour. Si Pierre avait appris sur le tas, ses descendants, eux, sont allés étudier le cuir en France. De la cinquantaine d’employés des années 80, il en reste moins d’une vingtaine aujourd’hui, dont deux rescapés de l’époque Chaussures Rainivony.

Et les projets ? Plus grands que les chaussures, peut-être.
Un jour, une cliente a demandé de refaire un canapé entier en cuir. Défi improbable. Après deux mois de réflexions et de tests, ils y sont parvenus. Plus tard, un autre client a voulu transformer tout l’intérieur de sa voiture : trois mois de travail intense. D’ici 2027, Rebecca espère élargir encore les services. Voir de près comment réparer un siège auto abîmé, apprendre avec ceux qui font ça tous les jours : voilà le prochain pas.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Rainivony
Contact : +261 34 61 485 66

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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