Joaly Andriamasinoro : Du public à la scène !
13 octobre 2024 // Arts de la scène // 4842 vues // Nc : 177

En septembre dernier, Joaly Andriamasinoro a marqué les esprits au Festival du rire Jôkôsô, 4e édition. Avec son humour incisif et son style unique, cette nouvelle voix du stand-up malgache prouve qu'elle est prête à conquérir la scène, un éclat de rire à la fois.

Le stand-up, un art oratoire ?
Oui, c’est avant tout un art oratoire. Le terme inclut le verbe « to stand », qui signifie se tenir debout. Cela implique que lorsqu'on se tient devant un public, on a quelque chose à dire. Mon objectif n’est pas simplement de faire entendre ma voix, mais d’embarquer le public dans ma bulle, tout en entrant dans la leur. C’est un échange, une interaction. On part ensemble pour un voyage où l’on découvre plein de choses en chemin. Mon public d'aujourd'hui ne sera pas forcément celui de demain ; ce qui les fait rire aujourd'hui peut ne plus les toucher demain s'ils ont déjà entendu le même texte. Ainsi, je transmets un message tout en faisant rire. Autant rire de tout, mais pourquoi ne pas aussi véhiculer des messages ? Voilà mon objectif.

« Autant rire de tout, mais pourquoi ne pas aussi véhiculer des messages ? »

Parle-nous un peu de tes débuts ?
J’ai toujours adoré l’humour, le théâtre, et je suis aussi une grande cinéphile. Le déclic est venu après le bac, quand j’ai commencé à regarder beaucoup de spectacles de stand-up. Je fais partie de cette génération qui écoutait des cassettes de Rabetsara et regardait des vidéos de Gad Elmaleh sur DVD. En 2023, j’ai découvert les stand-up malgaches. J’ai discuté avec Raytra Belaw’Yck et d’autres humoristes expérimentés, qui m’ont encouragée à monter sur scène pour voir où cela me mènerait. Tout s’est enchaîné très vite, mais j’ai su m’adapter. Je me souviens encore de ma première scène au CGM (Cercle Germano-Malagasy) : je n’ai pas réussi à faire rire, mais le public a été réceptif. En plus d’être humoriste, je suis mentor dans une école.

Et la préparation avant de monter sur scène ?
Il est essentiel que ce que l’on fait soit vivant. L’improvisation est inévitable, car il se passe toujours quelque chose avec le public. Même en étant en mode monologue, il y a une interaction. Cela dit, la préparation reste cruciale. L’improvisation ne mène pas toujours là où on le souhaiterait, d’où l’importance d’être bien préparé. Avant tout, j’écris, un peu comme du journaling. Je structure mes procédés humoristiques, avec une introduction, un corps, et j'ai appris tout ça au fil du temps grâce aux échanges avec d’autres humoristes malgaches.

Mes stand-ups sont en français, mais j’aimerais bien parler en malgache ou dans d’autres langues. Cependant, cela demande encore beaucoup de travail, bien plus que ce que l’on peut imaginer.

L'évolution du stand-up à Madagascar ?
Je débute encore dans ce monde et j'ai un long chemin à parcourir, mais avant de monter sur scène, j'étais dans le public, et c’est là que tout se joue. Je pense que le stand-up évolue à Madagascar. Ça avance doucement, mais on constate une vraie croissance avec la multiplication des événements de stand-up comédie club. Le véritable défi reste à faire comprendre aux gens ce qu’est réellement un stand-up. On est habitué à associer l’humour avec des accessoires et des déguisements. Or, le stand-up, c’est tout l’inverse : c’est toi, un micro, sans artifices. C’est cette distinction qu’il faut faire connaître au public.

Les thèmes que tu abordes ?
Le mal-être de la jeunesse est un thème récurrent pour moi. J'en parle souvent parce que, quelque part, on reste toujours jeune, même si certains ont dépassé l’âge. Les cœurs meurtris, la vie quotidienne des jeunes, ce sont des sujets qui me parlent. Je ne m’enferme pas dans une seule thématique, j’aime tout explorer. L'essentiel, c'est d'y laisser sa propre signature. Je suis encore dans une phase d'entraînement, où des fois, je monte sur scène pour tester le public. C’est un apprentissage difficile, mais c'est aussi nécessaire pour progresser.

Des projets ?
Tout d'abord, je me définis comme une « humoriste clandestine » : j’aime m’exposer sans vraiment être exposée. Autrement dit, je fais acte de présence, mais je n’ai pas besoin d’être constamment visible ou sous les projecteurs. Quand on est sur scène, on dévoile une partie de soi, mais le public ne sait jamais vraiment si on a vécu ce qu’on raconte ou non. C'est le message qui importe le plus, pas le rôle qu’on joue. Pour le futur, je m'attends à des surprises, même si paradoxalement, je déteste ça. J’adore le monde de l’humour et du stand-up, et j’aimerais m’y accrocher autant que possible, car c’est un univers vraiment merveilleux !

Propos recueillis par Cédric Ramandiamanana

Facebook : Joaly Andriamasinoro
+261340477484

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - La fierté en prolongations

Lire le magazine

La fierté en prolongations

Il y a des moments où Madagascar oublie ses 23 régions et vibre à l'unisson. C’était le cas lors de la dernière édition du Championnat d'Afrique des Nations l'a bien montré. Les Barea, match après match et en devenant vice-champions d'Afrique, ont fait que bien des Malgaches se sont découverts fans du ballon-rond. Chaque coin de rue, chaque taxi-be, chaque salon étaient transformé en fans-zone. Chaque passe et chaque drible était commenté comme si l'avenir du pays en dépendait. Et peut-être que c'était le cas. C’est fou le foot ! Rendez-vous à la Coupe du monde ?Mais ces moments de joie et de fierté collectives ne sont pas qu’au stade. Ca serait réducteur de penser ainsi. Le rapatriement du crâne du roi Toera a réveillé un sentiment patriotique forts dans le cœur de millions de Malgaches. L’événement national a fait ressurgir un passé qu'on pensait enfoui dans les livres. Des Sakalava aux habitants des Hauts Plateaux, tous ont exprimé leur fierté. Nous avons des aïeux braves !Et puis, il y a ces jeunes qu'on oublie souvent, mais que No Comment essaie de mettre en avant. Ils brillent même souvent loin des projecteurs. Grâce à leurs exploits – en raflant médailles et coupes dans des tournois continentaux et mondiaux de robotique et intelligences artificielles – Madagascar est davantage connu du monde. On en parle moins, alors que leur succès est aussi intense qu'un but à la dernière minute.Force est de dire que ce qui nous rassemble, ce sont ces vibrations partagées. Ces événements mettent entre parenthèses notre quotidien et font vibrer notre cœur de Malgache. Un but, un crâne de roi, une invention IT... Peu importe, tant que ça prouve qu'ensemble, Madagascar peut faire bouger les choses.

No comment Tv

Making of shooting mode – OCTOBRE 2025 – NC 189

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition octobre 2025 - NC 189. 
Prise de vue : Golden Cheerz 
Collaborations : Tanossi  – Via Milano mg  – HAYA Madagascar  - Akomba Garment MG - Carambole 
Make up : Réalisé par Samchia
Modèles : Rantoniaina, Wendy, Christelle, Manoa, Rina, Mitia, Santien, Mampionona
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir