Jérôme : Quand la musique est bonne !
21 décembre 2023 // Métiers & Petits Métiers // 3728 vues // Nc : 167

Au pied d’un palmier qui borde la route à Antsahavola, Jérôme vend l’expérience d’une écoute d’avant l’avènement du numérique. Un œil attentif remarquera qu’il a placé le premier album de Justin Bieber à côté du best of de Mozart. Autour de ces deux extrêmes, une large gamme de genres musicaux et de formats s’offre aux passants : les disques 33 tours et 45 tours pour les crooners légendaires, des compilations de variétés issues de l’âge d’or du DVD, des cassettes d’époque. En 22 ans d’activité, son petit commerce a su composer avec son temps.

Avant la musique à proprement parler, le format physique en lui-même est déjà un attrait en soi. De fait, les articles vendus ici racontent déjà leur propre histoire avant la première mélodie : notes manuscrites sur une cassette, marques du temps sur les pochettes des disques en vinyle. Cela tient de la façon dont Jérôme approvisionne sa collection. « Des passants me font signe quand ils ont des pièces dont ils aimeraient se débarrasser. Alors, je me déplace chez eux pour vérifier si le disque en question fonctionne, et s’il est original ». Non seulement, cette approche amène de la vie dans les disques en vente, mais amènent aussi des trésors qui ne sont plus sur le marché depuis des décennies, pour ceux qui veulent bien fouiller. « Ceux qui ont acheté une fois reviennent toujours après. Ils me demandent quels sont les nouveaux arrivages. J’ai déjà une base de données de clients fidèles que j’appelle à chaque nouvelle acquisition. »

Pour ce qui est de la musique, Jérôme privilégie d’abord le goût des clients fidèles. « Le genre de musique le plus demandé reste le jazz, et après ce sont les variétés françaises. En fait, les acheteurs de longue date sont des personnes d’un certain âge, et ils adorent replonger dans la musique qui a baigné leur jeunesse. Souvent les gens me disent qu’écouter des disques n’a rien à voir avec les morceaux téléchargés, c’est différent. » Pour autant qu’il soit porté par la passion, il n’en demeure pas moins qu’il est aussi un entrepreneur. La petite boutique à ciel ouvert est organisée de façon à attirer du monde. « Je mets en avant ce qui marche bien pour le moment, et maintenant c’est Lionel Richie et James Brown. Les cassettes coûtent environ 3 000 Ariary, pour les VCD et les DVD c’est à 10 000 Ariary, et les disques sont à 15 000 Ariary. »

Avec cinq à six articles vendus par jour, Jérôme affirme que ce travail assure les besoins de sa famille. Néanmoins, il admet que le numérique a impacté son affaire. « Certes, nous vendons toujours tous les jours, mais il y a moins de clients depuis l’arrivée de la carte mémoire. La plupart des gens préfèrent les nouvelles technologies. » Une nouvelle tendance qu’il a observée pourrait relancer la vente de disques comme dans le temps, l’émergence d’une nouvelle génération de clients. « Le rock est en train de devenir populaire auprès de certains jeunes. Il y a de plus en plus de jeunes qui achètent des vieux disques de rock. »

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 20 769 39

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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