« Ilay voa » Prenons-en de la graine
3 décembre 2020 // Cinéma // 4690 vues // Nc : 131

Le court-métrage « Ilay voa » (La Graine) a été réalisé dans le cadre du programme d’Aide à la création d’art numérique de l’association La Teinturerie, financé par African Culture Fund (ACF). Un film de sensibilisation à la protection de l’environnement sur le mode fantastique.

L’environnement, une cause que le cinéaste Rado Andriamanisa a déjà cherché à défendre avec « Reboisons notre avenir » (2019), en collaboration avec l’ONG Graine de vie. « Ilay voa » (10 mn, 2020) raconte l’histoire d’une graine de plante endémique malgache qui confère des pouvoirs particuliers.  « On dit que lorsqu’une personne consomme cette graine, son âme peut être transportée vers un autre corps », explique le réalisateur. La graine permet également de régner sur la nature. Elle est détenue par des hommes sages qui vivent en parfaite harmonie avec l’environnement et qui l’utilisent lors des rituels de demande de bénédiction aux Vazimba (les premiers habitants de l’île) et aux Ancêtres.

Un soir, cependant, ils sont attaqués en plein rituel par un groupe de « dahalo » (bandits de grand chemin), déterminé à s’emparer de la graine. La scène de l’attaque bénéficie d’une réalisation magistrale digne des scénographies brookiennes dans lesquelles rien n’est laissé au hasard sur « l’espace vide ». Elle résulte de la collaboration harmonieuse entre le cinéaste et les membres de l’équipe technique du film qui ont apporté leur contribution respective.

Les acteurs jouent de manière convaincante en  montrant la violence et le désordre induits par la situation. Razafiarivony Andriatianarivelo a conçu des costumes qui reconstituent très bien l’époque de l’histoire , le XIXème siècle. Taka, Hery Zo, Éric et Jedidia ont eux également contribué à la reconstitution historique au niveau du décor et des accessoires. Steevie « Artfeed » Rasoanaivo et Weedy Masindraoka ont quant à eux conçu des effets spéciaux et des images de synthèse de toute beauté : des coulées de sang, des tombées de foudre, un symbole ésotérique en forme de spirale ainsi que le vol d’un papillon endémique. La musique tribale mêlant percussions et battements de cœur renforce l’atmosphère menaçante de la scène. 

Le film éveille notre conscience écologique à partir du moment où la graine finit par tomber entre les mains d’un « dahalo » nommé Rabefantsy. Que peut-on attendre d’un brigand régnant sur la nature ? Rabefantsy nous renvoie à notre propre image d’homme surexploitant et saccageant l’environnement. Et c’est là que la seconde signification du titre du film intervient car « Ilay voa », littéralement « La graine », peut également se traduire par « La victime ». L’homme finira lui-même par être victime des destructions qu’il inflige à la nature dont il est tributaire.  

« Ilay voa » a fait l’objet d’une restitution qui s’est tenue le 16 octobre 2020 à la Teinturerie Ampasanimalo. D’après Rado Andriamanisa, le film n’est que l’aperçu d’un projet de long métrage nécessitant une aide à la production. Une cagnotte pour une opération de crowdfunding (financement participatif) sera à ouverte pour ce « work in progress » qui mérite amplement d’être soutenu.

Propos recueillis par Aina Randrianatoandro
Association des critiques cinématographiques de Madagascar (ACCM)

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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