Eric Rakotoarison : Sculpteur sonore
13 mars 2024 // Musique // 9027 vues // Nc : 170

Depuis trois décennies, Rakotoarison Éric Elysé, connu sous le nom d’Éric, exerce son métier de luthier avec une passion inébranlable à Mandriambero, Ambohidratrimo. Spécialisé dans la fabrication et la réparation d’instruments à cordes tels que le violon ou la guitare, il nous livre un aperçu unique de son univers artisanal !

« Être luthier exige un travail minutieux, surtout lorsqu’il s’agit de réparations » partage Éric. Pour lui, la création a pris un peu de recul, car les demandes de réparations affluent. Il restaure tous types d’instruments à cordes avec l’ambition de préserver leur authenticité. Ce qui distingue Éric de ses pairs, c’est son profond respect envers l’original. En effet, cet homme de 44 ans refuse toute forme d’adaptation estampillée « Vita Malagasy » (fabriqué à Madagascar). Il préfère demeurer fidèle aux instruments d’origine. Il se démarque également par son choix de ne pas créer de page Facebook, une décision motivée par le désir d’éviter une surcharge de travail. « Je reçois déjà beaucoup de visiteurs venant avec leurs instruments à réparer. Certains expédient même depuis la province, tout cela grâce au bouche-à-oreille. Pour tout vous dire, je n’ai même pas eu le besoin d’installer de plaque devant mon atelier, indiquant mon nom et mon activité ». Cela dit, il ne fait pas les choses à moitié.

Son succès en tant que luthier ne se limite pas qu’au niveau national. Il expédie 90 % de ses créations de violons à des clients étrangers. Son art dépasse les frontières, illustré par la fabrication d’une contrebasse envoyée jusqu’aux Etats-Unis. Mais d’où provient ce talent exceptionnel ? L’influence de son père, un éminent luthier qui l’a initié à ce métier. « Depuis mon enfance, j’ai appris en observant ce que mon père faisait. Il ne m’a pas formellement enseigné, mais j’ai passé mon temps à l’observer » confie-t-il. Son père, dépourvu de documents officiels, n’avait aucune méthode formelle d’apprentissage des techniques de fabrication ou de réparation. « C’est après sa disparition que j’ai décidé de me lancer dans le métier de luthier à l’âge de 14 ans. J’ai ensuite confectionné mon premier violon, persévérant et m’améliorant au fil du temps ». Malgré le succès de son atelier, Éric révèle qu’il a un autre travail compte tenu des défis de la vie à Madagascar. « Mon second métier est assez flexible, car il nécessite des déplacements en province. Une fois mes missions terminées, je retourne à mon atelier pour poursuivre mes réparations ».

Aussi, Éric confie les défis qu’il affronte en tant que luthier, en termes d’outils et des matériaux. « Les matériels ne sont pas encore à la hauteur de nos attentes » souligne-t-il. Parmi les obstacles majeurs, la disponibilité et la qualité des matières premières posent un défi constant. « Les bois que nous utilisons à Madagascar diffèrent de ceux à l’étranger. Là-bas, ils attendent environ vingt ans pour utiliser des bois secs, une pratique que nous ne pouvons pas nous permettre ici ». La quête des accessoires essentiels devient une autre épreuve. « Certains accessoires ne sont pas disponibles localement, obligeant à les commander à l’étranger. Cela conduit parfois les autres artisans à des adaptations qui compromettent la qualité sonore de l’instrument ». 

Parmi les clients d’Éric, certains sont des étudiants de conservatoires à l’étranger, soulignant la qualité exceptionnelle de ses créations. « Fabriquer un violon nécessite environ un mois et demi, de même pour les guitares. Quant aux réparations, la durée dépend bien évidemment de la nature du problème de l’instrument ». À travers ses mains expertes, l’histoire d’Éric témoigne d’une vie consacrée à l’art intemporel de la lutherie.

Propos recueillis par Cedric Ramandiamanana
Contact Eric : +261 34 87 913 74
Facebook : Eric Mada Luthier

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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