Courrier Mai 2024
1 mai 2024 // 2624 vues 

Coups de cœur, coups de gueule, envie d'envoyer un message à une personne qui vous est chère ou simplement de vous exprimer… cette rubrique vous est dédiée…

#Mots_silencieux : Le perdant

Je suis celui qui perd son temps à aimer 
Celui qui perd son temps à espérer 
Celui qui donne sans rien recevoir en retour 
Celui qui tend sans avoir le cœur lourd 
Je suis celui qui se trouve entre deux chaises 
Celui qu'on recale avec aise 
Je suis celui qui dit oui quand il le faut 
Et qui disait non quand il le fallait 
Je suis celui qu'on a dépouillé de toute crédibilité 
Celui qu'on juge avec tant d'animosité 
Je suis le voisin un peu teubé 
Le prof qu'on traite de PD 
Je suis le camé qu'on croise dans le couloir 
Je suis la prostituée qu'on insulte dans le noir 
Je suis l'enfant prodige qui veut disparaître 
Je suis cette petite trisomique qui vient de naître 
Je suis ce Casanova du dimanche 
Et peut-être bien ce petit timide qui retrousse ses manches 
Mais en vrai je ne suis que l'Homme dans son authenticité 
Le perdant qui a tout donné dans sa globalité...

Biby Mélissa

Bonjour,

Je souhaite partager une expérience personnelle dans votre rubrique « courrier » qui met en lumière la question de la discrimination à Madagascar envers ceux qui, bien que Malgaches, ne maîtrisent pas forcément la langue malgache. Cette situation est souvent incomprise par ceux qui portent des jugements sans connaître le contexte individuel.

Je suis née d'une mère réunionnaise et d'un père malgache. Mon immersion dans la langue et la culture française a commencé bien avant ma naissance, mes grands-parents ayant émigré en France dans les années 60 et mon père ayant grandi en France jusqu'à l'âge de 20 ans avant de déménager à La Réunion, où il a rencontré ma mère. En 1998, cinq ans après ma naissance, nous avons déménagé à Antananarivo, où j'ai grandi jusqu'à l'âge de 19 ans.

Il est important de comprendre que la langue malgache n'était pas la langue maternelle de mes parents, mais plutôt celle de mes grands-parents paternels. À Antananarivo, dans les années 2000, la société était loin d'être ouverte, et les étrangers immigrés à Madagascar l’étaient encore moins. Les différentes couches sociales et culturelles de la ville se côtoyaient à peine, chacune, selon moi, restant généralement dans ses propres cercles communautaires, qu'ils soient culturels, ethniques, religieux et/ou économiques. (J’espère qu’il y a eu une évolution à ce niveau)

Dans ce contexte, mes parents n'ont pas dérogé à la règle, préférant souvent évoluer dans des milieux francophones, malgré la volonté de mon père de me transmettre la culture malgache, que ce soit à travers les traditions, la cuisine, l'attachement à la terre et aux ancêtres, etc.  

J'ai toujours éprouvé des difficultés à apprendre d'autres langues et la langue malgache n’y a pas échappé. Cependant, cela ne signifie en aucun cas que je discrimine, me sens supérieur ou cherche à me dissocier de mes liens avec l'Afrique par Eurocentrisme. Au contraire, je ressens une grande fierté à être malgache, réunionnaise, européenne et africaine.

Cependant, lorsque je retourne à Madagascar, je constate malheureusement des jugements et de la discrimination de la part de certains Malgaches dès qu'ils perçoivent que je ne maîtrise pas la langue malgache. Je crois fermement que personne ne devrait avoir à justifier son histoire ou la langue qu'il parle. Par exemple, lors d'une expérience à l'aéroport d'Antananarivo pour me rendre à Nosy-Be, j'ai été confronté au mépris d'une employée du guichet d'enregistrement en raison de mon apparente non-maîtrise du malgache. Cette situation m'a profondément affecté et agacé, surtout à une époque de mondialisation où de telles situations se rencontrent presque partout dans le monde. Des Mexicains ne parlant que l'anglais, des Marocains ne parlant que le français, etc.

Je souhaite simplement vivre dans un monde où chacun est respecté dans son individualité et son histoire, un monde où personne n'est discriminé en raison de sa langue, de son orientation sexuelle, de son origine ethnique ou de toute autre caractéristique pouvant encore susciter des controverses au 21ème siècle. Je suis convaincue que la langue malgache doit être valorisée sur son territoire, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la bienveillance et de la pédagogie envers les concitoyens qui sont assimilés à une culture différente, et vice versa.

Je suis convaincue que Madagascar est le patrimoine de ceux qui la chérissent et la respectent profondément, ainsi que son peuple. À mon sens, ceux qui sèment la division et pratiquent la discrimination ne représentent ni l'essence malgache ni l'humanité dans son ensemble.

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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