Marcher
25 janvier 2025 // 2177 vues 

C’est ce qui reste encore l’action la plus réelle qu’il me semble pouvoir entreprendre.
Sans but précis, si ce n’est l’errance et la communion avec le monde : les passant.es dont la direction a l’air tout indiquée, les mecs et leur attitude de mec, l’immensité où se perdre et se déstructurer.
C’est ce que nous faisions de temps en temps avec maman et qui d’autre le voulait.
Marcher, planter ses pieds dans le sol comme une assurance de faire partie d’un tout, d’un grand mouvement imperceptible mais aux effets étrangement concrets.
Et nos pas nous avaient perdus cette fois-ci au bord d’une rizière, plantée là en pleine zone périphérique. La ville ne devait pas être bien loin derrière les arbres autour, mais ses bruits ne parvenaient pas jusqu’ici.
Nous avions deux enfants avec nous, et comme le jour était en pleine cassure, nous avons resserré les rangs alors qu’une atmosphère empourprée nous drapait de son violet.

Un homme avec un grand sac en tulle venait droit sur nous de l’autre bout du chemin. « C’est de la ferraille ! de la tôle à revendre ! » nous a-t-il dit comme pour s’excuser.
« Est-ce qu’il y a une sortie par là-bas ? Pour retourner en ville. » lui a demandé maman. « Oui, oui, allez-y ! par là-bas, il n’y a aucun souci. » a-t-il répondu.
Nous sommes tombés plus loin sur une muraille aux contours barbelés, et un homme blanc a surgi du portail comme s’il nous avait vus venir. Son air peu commode nous a fait accélérer le pas. Un zébu nous attendait pour sa part à quelques mètres de là, les yeux fixement dirigés vers nous, le regard inquisiteur.
Le paysage était à présent constitué d’herbe clairsemée, quelques moutons paissaient encore dans la fraîcheur et l’écho d’un cor nasillard nous rappelait que la fête nationale était à nos portes.
Une forme vaporeuse et lointaine se détachait depuis des heures dans un espace déterminé du ciel, mais personne n’avait donné d’explications à ses desseins et encore moins à son origine.
Nous n’avions plus que nous pour seul réconfort, c’est pourquoi nous nous sommes tenus par la main. Aliénés par un sentiment d’inquiétude face à l’inconnu, nous avions cette assurance toutefois. Celle de nous avoir nous, au cœur de ce territoire improbable.

Izika

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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