Yannick Andrianambonisoa : Plans cousus main
2 décembre 2025 // Photographie // 29 vues // Nc : 191

Cet art n’est pas fait pour un monde rapide. Il se forme à 24 images par seconde par le bout des doigts. Du stop motion comme Fantastic Mr. Fox ou Coraline, c’est une succession de photos prises sur une « puppet » mobile. Yannick Andrianambonisoa, lui, a commencé il y a sept ans pendant un atelier Kino à Antananarivo pour aujourd’hui travailler sur Rohy.

Certains font bouger une poupée en bois ou de la pâte à modeler, Yannick a choisi la matière la plus délicate, le fil de raphia. « En stop motion, le choix de la matière influe sur le film, elle se ressent directement. C’est un défi que j’ai accepté de relever et je trouverai le moyen de l’animer », rassure le cinéaste. L’on peut bien le croire car, après tout, ce n’est pas la première fois qu’il explore les possibilités. En 2017, il avait animé des pierres et cela lui a valu un Zébu d'or aux Rencontres du film court – aujourd'hui Madagascourt Film Festival – et quelques tournées en Europe et en Afrique. Tantara, son premier court-métrage en stop motion avec Fitahiana Radriamiharisoa, a été créé dans le cadre de l’atelier Kino du festival, sans trop de prise de tête. L’animateur et réalisateur revient cette année avec une matière bien plus délicate pour son film, Rohy.

« Rohy, c’était juste le fantasme d’un gars isekai (sous-genre de la fantasy japonaise où un personnage est transporté, réincarné ou piégé dans un autre monde). Je me suis dit que si je voulais être un personnage, je serais quelqu’un qui peut créer tout ce qu’il veut », confie Yannick.

Et si, à ses débuts, Rohy n’était qu’une idée sur du fil de fer, Yannick a décidé d’explorer des aspects plus… locaux. « L’histoire est née de plusieurs échanges, c’est comme ça qu’elle est allée vers une dimension environnementale », fait-il savoir. Parce que Rohy, fait de raphia, crée des objets en puisant en lui et dans son monde de raphia. Il crée un nouveau personnage, qui en fera de même, mais à force, tout ce qu’il y a autour s’abîme un peu plus. « Même si ça a commencé avec un fantasme, ça a fini par toucher les sujets de l’environnement, du capitalisme et de la réflexion sur soi », dévoile-t-il. Ce court-métrage, en plein travail, a été présenté lors du Festival international du film d’animation de Madagascar et a déjà fait un tour au Festival d’Annecy cette année.

L’animateur priorise une distribution locale avant d’aller à l’international et ce, selon ses mots, « même si je dois le donner gratuitement ». Cette passion pour l’animation, elle est en Yannick, qui ne tarit pas de références alors qu’il a commencé, après Tantara, avec quelques vidéos et le livre The Art of Stop Motion de Ken A. Priebe. « J’ai appris les bases vraiment plus tard, en 2024, à l’académie Animhouse du Projet Ony », rappelle le réalisateur. Tout était parti de l’envie de créer et de raconter, même si le stop motion exige son lot de patience, de préparations et de « puppets » pour les imprévus et les variations de plans. « C’est un travail manuel. Les erreurs, les faux mouvements ou les petites saccades donnent une sorte de vie, d’intérêt, de magie au film », expose Yannick. Des petites traces reprises aujourd’hui par les grands studios et les animateurs, dont Yannick, car au final, c’est cette vie qui donne envie d’aimer… même les pierres qui parlent !

Rova Andriantsileferintsoa

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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