Vony Ranala : Le théâtre et son trouble
5 juin 2021 // Arts de la scène // 5577 vues // Nc : 137

Écrire, jouer, mettre en scène, danser, tel est l’univers artistique de Vony Ranala. Débordante d’énergie, elle aime expérimenter et réunir sur une seule scène ses différentes passions.

« Avant, quand on me demandait, pourquoi j’aime le théâtre, je répondais parce qu’on peut jouer à être quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, le théâtre me permet de comprendre en profondeur l’humain par rapport à un métier, un personnage, une émotion. Désormais, ça fait partie de ma manière d’exister et d’être au monde. » Vony Ranala a trouvé sa voix en créant Nouvelles Scènes Madagascar, un laboratoire artistique multidisciplinaire où se rencontrent la danse contemporaine, la musique, le slam et bien sûr le théâtre. L’idée de créer ce laboratoire a émergé grâce à la Cie Miangaly, dont elle est membre depuis près de 15 ans. « Nous étions à la recherche d’une autre façon de travailler sur les planches. De mon côté, j’étais toujours en retrait par rapport à la gestion d’un projet même si je donnais parfois des ateliers. Je me suis dit que c’était le moment de proposer ce que je voulais vraiment faire d’où la création de ce laboratoire en collaboration avec des amis artistes. C’est le terrain où je m’épanouis le plus ! »

De cette plateforme est née une de ses premières pièces, Ny sarisikotrao Madama ! (Votre sculpture Madame !) où elle est à la fois auteure, metteure en scène, comédienne et directrice artistique. Une création théâtrale alliant le slam, la danse contemporaine et le chant lyrique. « J’ai toujours eu une sensibilité à la musique lyrique qui se rapproche du schéma narratif dans toutes les formes de prestation artistique de spectacle vivant avec un début, un élément perturbateur… D’ailleurs, mes premières mises en scène étaient des extraits d’opéras et d’opérettes. » Vony Ranala n’a pas de mal à jongler entre son rôle de comédienne et de metteure en scène.  Pour elle, la mise en scène est un autre langage qui lui permet d’extrapoler et de donner une autre forme à un texte, un exercice très prenant mais très enrichissant. « Tant que mon rôle est défini, je m’amuse ! »

Et bien sûr, l’écriture tient une place importante dans son parcours et contribue à nourrir sa passion pour la scène. Elle tombe ainsi en amour pour le slam en 2007. Selon elle, son écriture d’une pièce de théâtre se rapproche beaucoup plus du style et du rythme de son écriture au slam. Elle ne fait pas partie de ses artistes engagées qui ont un combat à mener mais s’inspirent plutôt des thèmes qu’on lui propose ou qui lui sont personnels. Plutôt un positionnement qu’un engagement. Par exemple, pour sa pièce Lupa, elle fait référence à la vie des prostituées de son quartier des 67 ha. « J’y habite depuis toujours et j’ai vu un véritable changement. Il y a de plus en plus de prostituées, elles sont de plus en plus jeunes. Beaucoup parlent du côté social ou économique, mais moi j’ai voulu aborder la question du corps. »

D’abord présentée en solo, Lupa devient Lupa l’expo où elle travaille avec Tohy, une slameuse. « Refaire la pièce en solo était trop lourd. Je voulais y apporter une autre dimension en choisissant une autre langue, l’allemand. Le but n’est pas de traduire les textes mais plutôt de donner une nouvelle énergie au sujet. » Pour Vony, tout est expérimentation et pluridisciplinarité. « Je pense que j’ai trouvé ma manière d’être au monde en tant qu’artiste. »


Propos recueillis par  Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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