Steffy Troubat : Racines illustrées!
10 août 2024 // Arts Plastiques // 6799 vues // Nc : 175

Steffy Troubat, l'artiste derrière la couverture du no comment® magazine de ce mois-ci, célèbre ses racines malgaches et sa double culture à travers son art. En collaboration avec la graphiste Tiphaine Croz, elle crée des illustrations qui marient harmonieusement traditions et modernité. Rencontre avec une artiste passionnée et engagée.

Que représente l'œuvre sur la couverture du magazine ?
L'œuvre que je vous présente s'appelle « HYBRIDE ». En tant que jeune métisse, j'ai longtemps eu du mal à trouver ma place dans mon propre pays. Aujourd'hui, je suis très fière de pouvoir le représenter à travers ces œuvres et graphismes. Cette année, après dix ans d'absence, je suis retournée à Madagascar. Redécouvrir mon pays m'a profondément marquée et m'a fait réaliser la chance que j'avais de grandir dans un pays aussi riche. Aujourd'hui, je sais où est ma place et d'où je viens, et ma couleur de peau n'a aucune importance. J'ai longtemps cherché des personnes partageant ma vision et je me suis retrouvée dans les musiques et les livres de Gaël Faye. Son œuvre m'a inspirée à embrasser ma double culture et à utiliser mon art pour explorer et exprimer cette richesse identitaire. HYBRIDE est une célébration de cette dualité, un mélange harmonieux de traditions malgaches et d'influences contemporaines. À travers mes illustrations, je souhaite transmettre la beauté de cette diversité culturelle et inviter chacun à trouver sa propre voie, peu importe les obstacles.

Vos principales sources d'inspiration ?
Je me suis beaucoup inspirée de la pop culture, mais aussi des affiches que je trouve sur l’Italie, Jacquemus, la mode, et Lucky Love. J'ai souvent cherché des œuvres de pop culture malgache sans jamais en trouver. Je voulais donc combler ce vide et avoir des pièces qui reflètent mes racines et mon identité culturelle dans mon espace de vie. Mon objectif était de créer des œuvres qui non seulement captivent par leur esthétique, mais aussi racontent une histoire et suscitent une réflexion sur l'identité et la culture. En collaborant avec une graphiste, nous avons porté une attention particulière aux détails pour s'assurer que chaque illustration reflète fidèlement la beauté et la richesse de Madagascar.

Justement, parlez-nous de cette collaboration…
Je ne suis ni graphiste ni particulièrement douée en dessin, mais j'adore créer, imaginer et inventer des concepts. Je collabore avec ma graphiste, Tiphaine Croz, depuis trois ans maintenant. Elle comprend parfaitement mon identité. Lorsque je lui ai exprimé mon désir de réaliser un projet en lien avec Madagascar, elle a immédiatement saisi ma vision. Je lui ai fait un moodboard, je lui ai expliqué les mots malgaches, les significations, les couleurs et l’histoire de Madagascar, et elle a su retranscrire à travers ces illustrations la beauté du métissage. Son talent et sa sensibilité ont permis de donner vie à mes idées de manière fidèle et authentique. Notre collaboration est basée sur une compréhension mutuelle et une forte complémentarité. Tiphaine a cette capacité unique de transformer mes concepts et mes inspirations en visuels captivants qui résonnent avec notre public.

Votre parcours artistique ?
Je suis une jeune métisse malgache, originaire de Diego et ayant grandi à Antananarivo. Après des études de cinéma à Paris, je me suis lancée dans la photographie et, aujourd'hui, je me consacre à l'illustration. Mon parcours professionnel m'a amenée à travailler dans divers domaines comme la musique, la danse et le cinéma. Je me spécialise davantage dans la direction artistique. Passionnée par l'art, la pop culture, l'art malgache et le cinéma français, mes illustrations reflètent ma personnalité. J'ai fondé Mahay, une agence de création de contenu et de communication, il y a trois ans. En freelance, je travaille comme photographe et chef de projet digital. Je suis également associée à une marque de vêtements sur l’île de la Réunion, où j'ai vécu trois ans. Mon objectif est de collaborer plus étroitement avec mon île et les entrepreneurs malgaches.

Des actualités ?
Je collabore actuellement avec l’association ZANAKANAY et je reverse 1 euro par affiche vendue à leur profit. Mon objectif est de développer progressivement des activités culturelles et d'encourager les jeunes Malgaches à travailler avec MAFANA sur des posters et illustrations malgaches. J’ai d’ailleurs collaboré avec Charlotte Fognini pour des cartes postales. Et puis, je souhaite établir des partenariats avec des artistes malgaches, mais je voulais d'abord m'assurer que le projet suscite un réel intérêt. Il y a tant de belles opportunités à exploiter à Madagascar et au-delà, pour faire découvrir notre culture et notre art au monde entier.
Propos recueillis par Cédric Ramandiamanana

Propos recueillis par Cédric Ramandiamanana

Facebook : Steffy Troubat

Ces quatres affiches sont les premières que nous avons réalisées car elles parlent à tout le monde: autant à des touristes qu'à des malgaches. Les mots sont simples et on y retrouve ce mélange de pop culture, un mélange que l'on a envie de mettre chez soi, des mots que l'on a envie de voir pour se souvenir d'où l'on vient.  Celle que j'affectionne le plus est GASY car j'ai toujours répété autour de moi que j'étais GASY et fière de l'être, même si on me disait que j'étais une Vazaha. 
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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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