Sôvazik : Sôva qui peut !
2 décembre 2022 // Musique // 9204 vues // Nc : 155

Le sôva de Sôvazik a l’accent du sôva sans être tout à fait du sôva. Aux « aponga » (tambours) qui rythment traditionnellement ce vieux chant des bals poussière ils n’hésitent pas à ajouter une guitare, une percussion péruvienne, voire à le teinter de blues et de salegy.  

Bien que dans le circuit depuis 2016, le groupe Sôvazik n’a sorti son premier album, intitulé Ny aty aminay (Chez nous), qu’en novembre dernier. Il en a profité pour le tester auprès de son public à l’Alliance française d’Antsirabe, ville dont ses membres sont originaires. La formation composée de Tiavina au cajon (caisse de résonance), Babely à la guitare basse, Mamanga au chant et maracas et Betanana au chant et aux tambours, s’intéresse depuis toujours au sôva. Cet art oratoire tsimihety qui signifie « soleil » ou « lumière éblouissante », est aussi chanté (et dansé) dans les fêtes de village du nord de l’île, rythmant les grands événements.

« Un rythme traditionnel menacé de disparition comme beaucoup d’espèces endémiques de l’île », soupire Babely. C’est pourquoi ils ont décidé de lui donner une deuxième vie, en lui adjoignant des instruments plus modernes.  « Mamanga et Betanana ont joué du sôva pur pendant une bonne vingtaine d’années. C’est en jouant avec eux que l’idée de rajouter la guitare basse et le cajon est venue. Nous constatons que cela provoque un véritable engouement chez les jeunes. »

Le fait d’intégrer le cajon, d’origine péruvienne, et non une batterie relève de la volonté de ne pas dénaturer l’esprit du sôva, qui se joue traditionnellement avec des aponga be (gros tambours) et aponga kely (petits tambours),  à la façon des musiciens de hira gasy (théâtre paysan traditionnel). « Le cajon, je l’ai fabriqué moi-même. Je le joue sans trop de fioritures, car ce ne serait pas dans l’esprit du sôva », explique Tiavina, la seule femme du groupe. Toujours dans cette approche « moderniste mais respectueuse de l’esprit », la formation n’hésite pas à fusionner le sôva avec le blues ou le salegy… Et dans le public, en général, ça s’agite pas mal.

Pour leur premier album composé de huit titres (Ny any aminay, Saraka, Ravorona, Vanga, Bira, Aomby, Vahiny ou Voahirana), ils ont pourtant privilégié le registre acoustique, avec des arrangements simples et minimalistes. Sur Aomby et Vahiny, par exemple, on n’entend que des percussions comme la conga et le djembé. Les chansons, composées essentiellement par Mamanga, parlent de la vie à la campagne, de nature, de solidarité. « Nous racontons ce que les gens vivent au quotidien, en essayant de faire passer des messages cosntructifs », explique Mamanga. « Le retour a été excellent de la part du public d’Antsirabe, et cela nous motive à entreprendre une grande tournée nationale », confie Babely. D’autant que le groupe a une expérience certaine des grandes scènes, ayant déjà fait le festival Angaredona ou la Fête de la musique.


Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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