Ni magie noire ni mystère exotique : le sikidy est une mécanique ancestrale d’une précision fascinante. Une science rigoureuse, un art subtil, qui prétend simplement ouvrir… ce qui reste fermé.

Il y a dans le mot sikidy une sorte de souffle ancien, une promesse d’accès à ce qui se cache sous la poussière du quotidien. Sokafana izay mihidy : ouvrir ce qui est fermé. Et pourtant, pour beaucoup, le sikidy demeure entouré d’un halo de crainte — comme si l’on y touchait à une magie sombre. C’est méconnaître sa nature profonde. Le sikidy n’a rien de démoniaque : c’est une science, un art, et peut-être même un langage poétique que Madagascar a patiemment façonné depuis des siècles.
Il y a dans le mot sikidy une sorte de souffle ancien, une promesse d’accès à ce qui se cache sous la poussière du quotidien. Sokafana izay mihidy : ouvrir ce qui est fermé. Et pourtant, pour beaucoup, le sikidy demeure entouré d’un halo de crainte — comme si l’on y touchait à une magie sombre. C’est méconnaître sa nature profonde. Le sikidy n’a rien de démoniaque : c’est une science, un art, et peut-être même un langage poétique que Madagascar a patiemment façonné depuis des siècles.
Les plus modernes parlent même de « codage ». Et, oui, le parallèle tient debout : lecture de droite à gauche, structure fixe, figures qui traduisent l’état d’un système. Mais réduire le sikidy à une simple science serait un appauvrissement. Il y a là une dimension sensible qui échappe aux tableaux et aux schémas. Les anciens le disent avec un petit sourire : tout le monde peut apprendre le sikidy, mais tout le monde ne peut pas résoudre un problème. Car l’art, lui, dépend de l’intuition — cette capacité à entendre ce que les graines murmurent.
La première colonne, Tale, c’est la tête. Malé, le thorax. Fahatelo, le bassin. Bilaly, les pieds. Un corps entier posé sur la terre rouge. Les lignes, elles, racontent les relations : Fihanaha pour les descendants, Abily pour l’épouse, Alisay pour l’ami, Fahavalo pour l’adversaire. Une cartographie humaine, réduite à seize cases. Deux graines dans Tale/Fihanaha ? L’âme est en paix, la tête claire. Une seule dans Malé/Fahavalo ? Le thorax se serre, un conflit viendra. Aucun mysticisme : seulement un miroir ancien, précis, d’une honnêteté parfois désarmante.
Et depuis des générations, les Malgaches y reviennent. Parce qu’au fond, nous cherchons tous la même chose : comprendre où nous en sommes, et comment… ouvrir ce qui reste fermé.
(à suivre)
Radamaranja