Alakaosibe : Sous une lune neuve
27 novembre 2025 // Soatoavina // 230 vues // Nc : 190

Malgré les smartphones de plus en plus modernes et les connexions Internet toujours plus rapides, le peuple malgache n’oublie pas les fomba qui l’ont amené jusqu’ici. L’Alakaosibe, ces jours de fête pendant lesquels les forces reprennent vie et marchent avec les humains, sera encore marqué cette année, au mois de novembre.

Chez les anciens, il existe des jours qui pèsent plus lourd que d’autres, et Alakaosibe en fait partie. Cette année encore, comme tous les ans, cette fête traditionnelle sera célébrée au courant du mois de novembre. Qualifié de « jour du peuple et des Sampy » (talismans), il occupe une place singulière dans le calendrier lunaire malgache. Selon les explications, l’Alakaosibe est incontournable, car il s’agit ici d’un jour de passage, où les frontières entre le visible et l’invisible s’effritent. Les anciens affirment même qu’en ces deux jours de nouvelle lune, « les forces marchent parmi les hommes ».

Dans la mémoire collective, Alakaosibe traîne une réputation d’infortune. On le dit jour des opposants, des malheurs, des bouleversements. Jadis, les personnes nées durant ces jours étaient craintes, redoutées. Elles étaient considérées comme des êtres rebelles, difficiles à soumettre. Mais derrière cette croyance se cache un autre visage : celui d’hommes et de femmes épris de justice, incapables de supporter l’inégalité ou la corruption. « Ce ne sont pas des opposants par nature, ce sont des gardiens de la droiture », confie un vieil mpanandro.

Les cérémonies d’Alakaosibe se tiennent toujours dans des lieux neutres — là où aucun roi n’a jamais résidé. C’est une précaution spirituelle, car la célébration vise à honorer et à recharger les Sampy, ces talismans collectifs censés protéger la communauté des maladies, des guerres et des malheurs. On y procède au fidiovana (rite de purification), au tolotra hasina (offrande sacrée), au joro (invocation des ancêtres) et au tsisika (aspersion symbolique). Puis vient le zara hasina, le partage de la bénédiction — un instant rare où chacun reçoit un peu de cette paix que le monde moderne a oubliée.

Pendant ces deux jours de nouvelle lune, les Sampy « respirent ». On dit qu’ils reprennent vie, se rechargent pour assurer la protection du peuple et de ses dirigeants contre les épidémies, les guerres et les malheurs. Les chants, les prières et les gestes codifiés visent à rétablir l’équilibre du monde, à éloigner les forces du chaos. Certains en profitent pour vendre ou échanger leurs moara, petites amulettes individuelles censées prolonger cette protection. Les plus anciens, eux, préfèrent simplement observer, humbles, conscients que certaines choses dépassent la raison. « Les forces marchent toujours parmi nous », se disent-ils.

Radamaranja

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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