Le Famadihana – Quand les ancêtres reviennent parmi nous
23 juillet 2025 // Soatoavina // 2918 vues // Nc : 186

Le Famadihana – littéralement « retournement des morts » – n’est pas une simple tradition funéraire. C’est un moment d’exception, suspendu entre le visible et l’invisible, une rencontre entre les vivants et leurs ancêtres. Un dialogue silencieux mais puissant, où les morts quittent un instant le silence du tombeau pour revenir au cœur de la vie familiale.

Dans la culture malgache, le lien aux ancêtres dépasse le cadre du souvenir. Il est fondement. Pacte. Force invisible qui unit les générations. Le Famadihana en est la manifestation la plus solennelle. Tous les quelques années – trois, cinq, sept, neuf ou onze, toujours en nombre impair – les membres d’une même lignée se retrouvent autour du tombeau familial. On y sort les corps, on renouvelle leurs linceuls, on les hisse dans une liesse rituelle qui mêle respect, ferveur et tendresse.

Le rituel s’étend généralement sur trois jours. Le premier est consacré à l’accueil des invités : parents éloignés, amis, voisins, alliés. On partage le vary be menaka, ce riz parfumé cuisiné avec générosité, dans une atmosphère de retrouvailles, de musiques et de chants traditionnels. Le hira gasy, théâtre musical typiquement malgache, résonne en toile de fond. Le deuxième jour, les invités participent à une collecte appelée aterin-ka alaho. Chacun donne selon ses moyens pour contribuer aux frais. Ce système de solidarité, fait de dons et de contre-dons, s’inscrit dans la logique du fihavanana – cet esprit de fraternité et d’entraide profondément enraciné dans la culture malgache.

Le troisième jour est le sommet du rituel. On ouvre le tombeau, on retire les corps enveloppés dans leurs anciens tissus, qu’on remplace par de nouveaux linceuls blancs. Ce geste n’est ni morbide ni triste. Il est empreint de respect. On enlace les restes avec délicatesse, comme on prend soin d’un aïeul encore présent. Les kabary (discours cérémoniels), les pleurs, les rires et les chants accompagnent ce moment fort, qui renoue les vivants à leur passé commun. Mais le Famadihana n’est pas que souvenir. C’est aussi une structure sociale. Il permet aux familles éclatées par l’exode rural ou l’émigration de se retrouver. Il affirme l’identité collective, transmet les valeurs et réactive le tissu communautaire. Aujourd’hui encore, malgré les critiques ou les mutations sociales, le Famadihana résiste. Parce qu’il rappelle l’essentiel : nos morts ne sont jamais partis. Ils vivent dans nos gestes, nos choix, nos mémoires. Tant qu’on les honore, ils continuent de veiller.

Radamaranja

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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