Santa : Dealer de mentalité
12 novembre 2023 // Arts de la scène // 5242 vues // Nc : 166

A la une, à la deux, à la trois… Santa, originaire d’Antsirabe, est le nouveau champion national de slam. Après quatre participations, Santatra Andriamanantsoa a réussi à se sacrer favori des participants de la 14e édition du tournoi Slam National à Antananarivo. La finale en octobre dernier n’a eu d’effet que de confirmer l’engagement du slameur à déclamer son pays à l’international.

Comment as-tu vécu les préparatifs du Slam National ?
J’ai eu la chance de pouvoir me préparer dans les temps : étudiant en médecine, je ne pouvais pas me consacrer entièrement au slam, mais cette année, la compétition est tombée pendant les vacances. Pour moi, le slam se gagne à la préparation, et pas en montant sur scène. J’en ai fait ma routine : en m’entraînant au réveil ou en écrivant. En tout, j’ai participé à quatre championnats avant d’arriver à la première place. Quand j’écris des textes, je les prépare en les classant pour les compétitions. Depuis la Slam National 10, j’ai commencé à écrire les textes en espérant les déclamer à la Coupe du Monde de Slam Poésie, et à chaque compétition, je me suis préparé comme si j’allais l’emporter à l’international.

Croire en ses rêves ?
Si j’ai un message à faire passer dans ce sens, c’est que tout désir d’un enfant devrait être exploité, car il pourrait devenir son point fort. Je me souviens d’un moment où je m’entraînais sur un texte sur l’avortement, sujet assez sensible à la maison. Je m’arrêtais chaque fois que mon père entrait dans la pièce. En fait, il peut très bien y avoir des remarques, ou même des critiques de partout, mais il faut continuer à travailler, et forcément, quelqu’un viendra en aide. Les rêves se réalisent à 50 pour cent quand on y croit.

Toi et le slam ?
J’écris beaucoup, de la poésie, des nouvelles, et j’ai même un livre en cours. J’ai commencé à vraiment m’introduire dans le milieu en 2014 : nous étions à Antsirabe avec l’influenceur Enjana, et il m’a emmené à une scène slam à l’Alliance française. Il n’y avait pas encore énormément de personnes, mais j’ai su, à ce moment-là, que j’aimais la scène. Nous avons parlé autour de nous, et trois ans plus tard, je suis devenu le président d’un collectif – Slam 110 – à Antsirabe, où je le suis toujours. Pour moi, slamer, c’est faire passer un message. C’est pour cela que dans la plupart de mes textes, je dénonce ce qui, pour moi, est de la mauvaise mentalité. Je suis une personne, disons, assez carré, et je parle principalement des pratiques qui, pour moi, représentent de l’injustice.

Justement, tes textes révèlent des vérités assez crues ?
La plupart de mes textes parlent de relation entre parent et enfants, et de ce que ceux-ci n’ont pas forcément le courage de dire. Je peux y parler de viol, d’inceste, ou d’avortement. J’emprunte le point de vue d’un enfant, et peut-être que, d’une certaine manière, les difficultés de communication que j’ai avec mon père m’ont été d’une grande aide pour écrire. C’est, je pense, pour cela, que je suis autant à l’aise pour parler des échanges et de la relation de famille. Bien sûr, j’espère aller au-delà du championnat ou à la coupe du monde : je voudrais devenir assez reconnu pour pouvoir influencer et guider un large public. En quelques mots, j’aimerais devenir un « dealer de mentalité » et avoir le moyen de mener des personnes vers des idéologies positives. Pour l’instant, je commence avec ma famille, le collectif, et mes amis : par exemple, j’ai déjà parlé de la distribution de tâches entre la femme et l’homme dans le foyer, et des changements se sont vus à la maison et autour de moi.

Les projets ?
A part la Coupe du Monde en préparation, je compte monter mon spectacle. Il s’agit d’un One-Poet- Show qui s’intitule « Taratasy nalefa ». (Lettre envoyé) Les préparatifs sont encore en cours, mais j’ai grand espoir de pouvoir en faire une tournée nationale. En attendant, avec le collectif, nous préparons des spectacles à Antsirabe, comme Versus, un concours et comme son nom l’indique, c’est un slameur face à un autre. Nous avons également une présentation pluridisciplinaire, Aretintsaina, (Maladie mentale) en préparation dans la ville. De mon côté, je prévois de continuer dans la narration : je fais également de l’animation, et je prévois d’y accompagner mes textes à travers des vidéos courtes.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa
Santa Andriamanantsoa : +261 34 41 274 08

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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