Nina Iharimalala « Il faut valoriser les territoires ruraux »
20 avril 2023 // Assos // 4428 vues // Nc : 159

Docteur en Géographie, enseignante dans quelques universités et consultante senior en gestion des ressources naturelles et fondatrice du Lycée Privé et de l’Institut Supérieur Le Capricorne, Nina Iharimalala est convaincue que l’activité rurale est un levier du développement durable. Avec son institut, qui a d’ailleurs remporté le Prix Féminin du POESAM 2022 (Prix Orange de l’Entreprenariat Social Afrique et Moyen Orient), elle propose des formations professionnelles de proximité pour préparer l’avenir des enfants en zone rural.

Pourquoi l’Institut Supérieur Le Capricorne ?
A Madagascar, chaque année, près de 80 000 bacheliers arrivent au premier cycle de l’enseignement supérieur. Mais seulement 20 000 peuvent entrer dans les universités publiques. Les autres  sont limités par le manque  d’infrastructures, de moyens financiers mais surtout les universités sont concentrées à Antananarivo et dans les autres grandes villes et les chefs-lieux des ex-provinces. Pour ceux qui sont entrés à l’université publique ou privée, ils se sont inscrits dans des  disciplines ne répondant pas toujours aux besoins de l’économie de Madagascar.
La Banque Mondiale souhaite qu’en 2024, le  système d’enseignement supérieur soit  plus novateur,  relié au marché du travail. Pour apporter notre contribution dans le développement de l’activité rurale, nous avons relevé le défi de créer un Institut de formation professionnelle de proximité spécifique  aux activités de développement rural. 

Nous œuvrons  dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle avec, au choix, deux filières agréées par l’Etat : l’agribusiness et l’aménagement rural. L’Institut  délivre un Diplôme de Technicien Supérieur en agribusiness et un Diplôme de Technicien Supérieur en aménagement rural.

Combien d’étudiants depuis la création de l’Institut ?
En Mars 2023, après 18 mois d’existence nous sommes présents sur trois sites pilotes (Tsiroanomandidy, Imerintsiatosika et Amboasary Gare) avec 40 étudiants.  Nous souhaitons principalement accueillir  les jeunes bacheliers désirant  rentrer dans l’entrepreneuriat rural.  Parmi lesquels les diplômés du baccalauréat issus des familles paysannes aisées souhaitant que leurs enfants aillent   au-delà du bac.  Nous voulons aussi accueillir les jeunes des  familles paysannes en situation de vulnérabilité,  s’ils sont attirés par la formation supérieure mais empêchés par leur faible niveau de vie.

L’entreprenariat rural, pour quelles raisons ?
Le monde rural reste la source  d’alimentation pour l’humanité. Il est un levier du développement durable. Depuis le Covid19, la population mondiale cherche à satisfaire ses besoins  primaires. Les attentes croissantes des marchés internationaux conjuguées avec la vision nationale sur l’autosuffisance alimentaire ont poussé Madagascar à  l’adoption de la loi n° 2022- 002 portant sur  l’Agrégation agricole. Le géographe Patrick Caron depuis 2017 a affirmé avec sa conviction militante  que les territoires ruraux sont vivants pour transformer le monde et il a même rajouté  « qu’il n’y aura ni prospérité, ni paix, y compris en ville, sans ruralités florissantes ».  À Madagascar, les jeunes ruraux manquent des formations nécessaires à  l’amélioration voire à  la mutation des modes de culture. La grande partie de leur vie scolaire  est consacrée à  une formation générale,  ne valorisant pas les territoires ruraux. Ceux qui ne poursuivent pas leurs études augmentent la main d’œuvre non qualifiée dans l’agriculture et entrent souvent dans le chômage amplifiant d’année en année le taux de la pauvreté rurale.

Apporter une vision plus large dans leurs projets…
A Madagascar, les bacheliers sont de plus en plus en bas âge, ils n’ont donc pas encore la maturité nécessaire pour penser à un projet de vie à long terme. La formation ponctuelle ne leur permettra  pas  de prendre  conscience de l’importance de la création de valeur ajoutée dans les produits agricoles. Afin d’apporter aux jeunes de notre pays une vision plus large dans leur projection sur leur avenir, nous avons mis en place une formation professionnelle continue permettant  de s’ouvrir aux projets  entrepreneuriaux. Cette formation amènera également à une perspective de recherche scientifique et de capitalisation des acquis sur l’agrobusiness.

Des formations également accessibles en hybride ?
Le numérique est devenu une voie incontournable dans le développement de tout secteur d’activité à l’échelle mondiale. Isolées de tout avancement technologique, nous avons mis  l’accent sur le numérique dans notre formation tout en tenant compte du problème d’accès aux connexions à l’Internet dans les zones rurales. Avec notre plateforme, spécialement conçue pour ce territoire trop abandonné, les étudiants auront facilement accès aux cours en ligne  sans avoir forcément de l’Internet.

Les projets ?
Comme nous sommes le premier Institut de formation professionnelle diplômante et agréé par l’Etat en agribusiness et en aménagement rural à Madagascar, nous envisageons être la référence dans ce domaine. Avec nos professeurs, nos docteurs et nos techniciens en agribusiness et en aménagement rural issus de diverses universités et ONG de renoms, nous misons sur la qualité de nos formations. Nous souhaitons également, avec nos partenaires et conseillers, présenter à nos étudiants,  futurs entrepreneurs ruraux, des débouchés dans les marchés locaux, nationaux, régionaux et internationaux. 

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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