Mickaëla Kawn : L’artisanat, clé d’une mode écoresponsable
28 janvier 2024 // Mode & Design // 4572 vues // Nc : 168

Mickaëla Kawn est la lauréate de la première édition du concours « Mode Ethique et Durable » parmi six finalistes. L’artisane et designer s’est démarquée avec sa collection « Garaba ». Cet événement, accueilli par l’Institut Français de Madagascar du 9 au 21 octobre 2023, veut réconcilier la mode et la protection de l’environnement. Grâce à sa casquette d’artisane, la stylise a su concevoir ses pièces comme des solutions.

À priori, les créations artisanales ne polluent pas autant que la grande industrie de la mode, grâce aux matériaux qu’on y utilise. Comment continuer à utiliser ces matières coûteuses tout en assurant la rentabilité des productions de masse ? Pour y arriver, Mickaëla Kawn est partie de sa pratique habituelle, vers une idée originale. « Je viens d’une famille de couturiers et de bricoleurs, mais je suis la seule ‘Kawn’ parmi les ‘Kwan’, ce qui me distingue c’est ma touche d’originalité. Je travaille avec le coton et le lin, et des techniques artisanales comme le tressage, la broderie, les crochets. Mais pour ce concours, j’ai utilisé le garaba, un dérivé du ravinala. C’est une matière abordable et abondante, on peut la trouver partout au marché, chez les vendeurs de fruit. » Pour bien définir cette idée, elle a bénéficié de l’aide de formateurs : l’experte en recyclage textile Chloé Bourhis, et le designer chercheur Tsiriniaina Hajatiana Irimboangy. En binôme avec Miantsa Oliva Rajaona Andriamialinarivo, Mickaëla Kawn crée alors trois pièces, alliant techniques artisanales, matières dérivées du ravinala, et les conditions du concours. « L’IFM a travaillé avec le Groupement des Entreprises Franches et Partenaires. Ces boîtes nous ont offert des tissus qu’on nous a imposés. Les candidats étaient donc obligés de confectionner avec ces tissus. C’était délicat, il fallait faire beaucoup de recherches sur la façon de travailler ces matières. J’ai donc créé des tenues où on retrouve à la fois ces tissus et le garaba. »

Le garaba, une matière à la fois écofriendly et abordable donc, une trouvaille qui a séduit le jury, composé de personnalités issues du monde de la culture, des affaires, et bien sûr de la mode. Une reconnaissance qui encourage Mickaëla Kawn a continué dans cette voie. « Ce concours m’a apporté beaucoup d’opportunités, pour me faire connaître surtout, et pour élargir ma capacité grâce à l’expérience de personnes très importantes dans la mode. Je vais continuer sur la voie de la mode éthique et durable, pour l’avenir de notre pays et du monde. À Madagascar, de nombreuses personnes ne savent pas ce que c’est que la mode éthique et durable : éthique pour les travailleurs, et durable par les matières qu’on utilise, il y a encore beaucoup à faire par rapport à cela. Ici, nous avons des travailleurs avec un grand talent, mais ils ne sont pas rémunérés justement par rapport à leur qualité de travail. » En tout cas, elle est bien partie pour porter son message avec ses créations. En 2024, Mickaëla Kawn participera à une immersion au centre d’art contemporain Villa Noailles, à Hyères en France. Elle séjournera avec des grands créateurs de mode.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 39 961 51

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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