Mickaëla Kawn : L’artisanat, clé d’une mode écoresponsable
28 janvier 2024 // Mode & Design // 4936 vues // Nc : 168

Mickaëla Kawn est la lauréate de la première édition du concours « Mode Ethique et Durable » parmi six finalistes. L’artisane et designer s’est démarquée avec sa collection « Garaba ». Cet événement, accueilli par l’Institut Français de Madagascar du 9 au 21 octobre 2023, veut réconcilier la mode et la protection de l’environnement. Grâce à sa casquette d’artisane, la stylise a su concevoir ses pièces comme des solutions.

À priori, les créations artisanales ne polluent pas autant que la grande industrie de la mode, grâce aux matériaux qu’on y utilise. Comment continuer à utiliser ces matières coûteuses tout en assurant la rentabilité des productions de masse ? Pour y arriver, Mickaëla Kawn est partie de sa pratique habituelle, vers une idée originale. « Je viens d’une famille de couturiers et de bricoleurs, mais je suis la seule ‘Kawn’ parmi les ‘Kwan’, ce qui me distingue c’est ma touche d’originalité. Je travaille avec le coton et le lin, et des techniques artisanales comme le tressage, la broderie, les crochets. Mais pour ce concours, j’ai utilisé le garaba, un dérivé du ravinala. C’est une matière abordable et abondante, on peut la trouver partout au marché, chez les vendeurs de fruit. » Pour bien définir cette idée, elle a bénéficié de l’aide de formateurs : l’experte en recyclage textile Chloé Bourhis, et le designer chercheur Tsiriniaina Hajatiana Irimboangy. En binôme avec Miantsa Oliva Rajaona Andriamialinarivo, Mickaëla Kawn crée alors trois pièces, alliant techniques artisanales, matières dérivées du ravinala, et les conditions du concours. « L’IFM a travaillé avec le Groupement des Entreprises Franches et Partenaires. Ces boîtes nous ont offert des tissus qu’on nous a imposés. Les candidats étaient donc obligés de confectionner avec ces tissus. C’était délicat, il fallait faire beaucoup de recherches sur la façon de travailler ces matières. J’ai donc créé des tenues où on retrouve à la fois ces tissus et le garaba. »

Le garaba, une matière à la fois écofriendly et abordable donc, une trouvaille qui a séduit le jury, composé de personnalités issues du monde de la culture, des affaires, et bien sûr de la mode. Une reconnaissance qui encourage Mickaëla Kawn a continué dans cette voie. « Ce concours m’a apporté beaucoup d’opportunités, pour me faire connaître surtout, et pour élargir ma capacité grâce à l’expérience de personnes très importantes dans la mode. Je vais continuer sur la voie de la mode éthique et durable, pour l’avenir de notre pays et du monde. À Madagascar, de nombreuses personnes ne savent pas ce que c’est que la mode éthique et durable : éthique pour les travailleurs, et durable par les matières qu’on utilise, il y a encore beaucoup à faire par rapport à cela. Ici, nous avons des travailleurs avec un grand talent, mais ils ne sont pas rémunérés justement par rapport à leur qualité de travail. » En tout cas, elle est bien partie pour porter son message avec ses créations. En 2024, Mickaëla Kawn participera à une immersion au centre d’art contemporain Villa Noailles, à Hyères en France. Elle séjournera avec des grands créateurs de mode.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 39 961 51

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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