Katsepy : Son phare Eiffel et son baobab sacré
7 novembre 2022 // Nature // 4617 vues // Nc : 154

Katsepy, dans le Boeny, se trouve à l’embouchure du fleuve Betsiboka et du canal de Mozambique. Tranquille village de pêcheurs, il abrite bien des trésors, comme son vieux phare toujours en activité et le site bioculturel d’Antrema.

Pour rejoindre Katsepy, il faut prendre le bac, la vedette rapide ou la pirogue. Direction le phare, à 6 km du village. Installé sur une falaise, il offre une vue imprenable sur la baie de Bombetoka. Sylvain, le gardien du phare, est là, toujours prêt pour accueillir les visiteurs. Le phare de Katsepy, également appelé « phare Eiffel » de Katsepy, est une tour préfabriquée construite en 1901 par les ingénieurs français, d’où l’allusion au père de la tour du même nom. Au pied du phare, une tombe. Selon la légende, c’est la sépulture de la fille de l’ingénieur qui fut en charge de de la construction du phare. « Les ingénieurs français n’ont pas suivi les fomba (rituels) et les conseils des Mpanjaka (Rois) avant de commencer leurs travaux. La petite fille de 3 ans serait tombée de là-haut », soupire Sylvain en pointant le phare du doigt.

La visite commence par la montée des 174 marches de l’escalier en colimaçon, comme celui de la Tour Eiffel. « Ce phare est le repère des bateaux qui entrent dans le port de Mahajanga. Il est à 119 mètres par rapport au niveau de la mer et à 36 mètres du sol. Sa portée est estimée à plus de 100 km. » Toujours en activité, le phare est maintenant doté d’un système d’allumage plus moderne qu’avant. « Je l’allume et l’éteint tous les jours. À l’époque, il fallait l’allumer avec des lampes à pétrole, entraînant une consommation de 20 litres. Le système de rotation fonctionne comme une horloge avec un contrepoids de 160 kg qui descend toutes les quatre heures et qu’on remonte à l’aide d’une manivelle. Mais depuis 1993, ce sont des panneaux solaires qui alimentent le phare en électricité. »

La visite du phare de Katsepy est aussi l’occasion de rencontrer les sifakas (ou propithèques) couronnés, endémiques de la région Boeny, qui vivent à proximité, dans la Réserve de ressources naturelles du site bioculturel d’Antrema. Les sifakas couronnés sont considérés par les Sakalavas comme les représentants de leurs ancêtres, placés sous la surveillance du Prince Tsimanendry, le gardien de la tradition sakalava. On y trouve aussi le lémur fauve (Eulemur fulvus fulvus), les microcèbes qui figurent parmi les plus petits lémuriens au monde (10 cm sans la queue), des lépilémurs dont certaines espèces sont nocturnes.

La réserve est également constituée de 23 espèces d’amphibiens et de reptiles, de 75 espèces d’oiseaux, de 153 espèces de plantes dont 76 % sont endémiques. Parmi les autres attractions, la visite du baobab sacré connu sous le nom scientifique d’Andasonia Digitata. « Ici, on l’appelle bouye ou bozy. L’histoire raconte qu’un homme habitant Toamasina, bien avant l’existence du phare, fit un rêve où on lui demandait de partir à Katsepy, pour faire connaître aux gens l’existence d’un baobab sacré qui permet de réaliser les vœux. Il arriva sur place, parla aux Mpajanka et aux villageois et trouva le baobab. » Depuis, on vient de toutes parts – même de l’étranger - pour toucher l’arbre et faire un vœu.

« Lorsqu’on fait un vœu, il faut enlever ses sandales comme dans tout site sacré. Il préférable de ne pas le faire le mardi ou le jeudi. Si le vœu est exaucé, il faut revenir pour ramener des offrandes, mais pas de choses fady (taboues) comme les cacahuètes et le porc. » Depuis une dizaine d’années, Sylvain est non seulement le gardien du phare mais également un guide local intarissable sur les hauts faits de sa commune. Chaque visite est accompagnée d’un rafraîchissement et de bons petits plats de sa femme. Et pour ceux qui veulent vivre Katsepy de nuit, Sylvain dispose de petites chambres rustiques. L’air marin et la lumière du phare fait qu’on y dort comme un charme.


Aina Zo Raberanto

Sylvain, guide du phare de Katsepy.
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Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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