Julia Razafimanahaka « La nature pourra nous sauver »
7 janvier 2022 // Nature // 2504 vues // Nc : 144

Elle est la deuxième Malgache à remporter les « Tusk Conservation Awards » pour la préservation de l’Afrique pour 2021, après Herizo Andrianandrasana en 2014. Julie Razafimanahaka, directrice exécutive de l’association Madagasikara Voakajy, a été récompensé pour son travail dans la création d’aires protégées.

Les « Tusk Conservation Awards » en quelques mots ?
C’est un prix adressé à une personne jugée comme un leader émergent de la conservation de la biodiversité en Afrique, en reconnaissance de son succès exceptionnel dans le domaine de son choix. Il se fait par nomination, la principale raison pour remporter le trophée est donc la reconnaissance et l’appui de ses amis et collaborateurs.

Cela récompense votre travail au sein de Madagasikara Voakajy …

J’ai pris la direction de cette association de défense de l'environnement en 2011 et je l’ai faite évoluer tant en taille qu’en renommée dans le domaine de la conservation de la biodiversité à Madagascar. Avec nos partenaires, nous avons mené à bien la création de sept nouvelles aires protégées dans la région Alaotra-Mangoro.

Pour assurer que ces aires protégées soient des oasis pour l’homme et la nature, nous ne cessons d’innover et améliorer nos approches et méthodes.

D’où vient cette passion pour l’environnement ?
Je suis ingénieur agronome de formation, option eaux et forêts. C’est par l’envie de découvrir le parc national des Tsingy de Bemaraha que j’ai rejoint l’équipe de l’association Lamin’Asa Fiarovana Ramanavy en août 2003, afin de mener des travaux de recherche sur les chauves-souris de Madagascar. Cette recherche m’a fait découvrir le monde ignoré de ces étonnants mammifères et j’ai eu à en parler avec tous les curieux qui se demandaient pourquoi nous menions ces études. En 2005, Lamin’Asa Fiarovana Ramanavy est devenu Madagasikara Voakajy. Au sein de cette organisation, j’ai évolué du statut d’étudiante à assistante, leader, manager et directrice.

Quelles sont les missions de Madagasikara Voakajy ?
Cette organisation a pour mission de sauver les espèces endémiques de Madagascar de l’extinction. Nous promouvons la conservation et l’utilisation durable de ces espèces menacées dans leurs habitats naturels, en atténuant les principales menaces par des recherches appliquées et des actions ciblées, pour le bénéfice de l’homme et de la nature. Nous intervenons au niveau de six régions : Diana, Sava, Sofia, Alaotra-Mangoro, Menabe et Amoron’i Mania. Sur chaque site, nous valorisons la collaboration avec toutes les parties prenantes, en particulier les communautés vivant autour des habitats et utilisant les espèces ciblées.

Quelles sont les menaces qui pèsent sur la biodiversité malgache ?
Nous sommes tous menacés par l’augmentation de la température, le tarissement des ressources en eau et la pollution de l’air. Ces menaces sont aggravées par les feux de forêt, l’exploitation irrationnelle des ressources, l’excès de déchets et la pauvreté de la population. C’est devenu une spirale de dégradation et le défi est de renverser cette spirale par tous les moyens.

La solution ne peut-être que collective…
Il faut l’intervention de tous les acteurs, pas seulement des militants. Il est primordial que la conservation de la biodiversité soit au centre de toutes les décisions politiques, économiques et sociales à Madagascar. La nature fait notre unicité. La nature pourra nous sauver. À notre niveau à Madagasikara Voakajy, nous misons sur la création et la gestion durable d’aires protégées avec les populations locales, mais aussi sur la formation des jeunes, avec l’implication de tous les acteurs, incluant le gouvernement et le secteur privé.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Lire

12 juin 2025

Tourisme : Coup d'envoi de la 11ᵉ ITM

Les chiffres sont en hausse. La 11ᵉ édition de l'International Tourism Fair of Madagascar (ITM), le rendez-vous annuel des acteurs du secteur du touri...

Edito
no comment - Sans langue de bois

Lire le magazine

Sans langue de bois

Juin célèbre la langue malgache. Une langue douce, chantante , subtile — que l’on admire, que l’on dit aimer, mais que l’on néglige au quotidien. Mais à sa place, on a un sabir moderne, un étrange cocktail de malgache, de français et d’anglais. Et les jeunes ? Ils jonglent, sans vraiment maîtriser aucune des trois. Alors on s’indigne, on accuse l’école, les réseaux sociaux, l’époque.
Mais ça tape à côté. Les langues sont vivantes, elles mutent, s’adaptent, empruntent. Vouloir figer la langue malgache dans le marbre, c’est oublier qu’elle-même s’est forgée dans les métissages. Au lieu de condamner l’évolution, peut-être faudrait-il l’accompagner avec lucidité. Éduquer sans mépriser. Valoriser sans enfermer. Et surtout, cesser de pleurer une langue qu’on refuse d’habiter pleinement.

No comment Tv

Interview – Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary - MAI 2025 - NC 184

Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar. 

Focus

Association Mamelomaso - Alahamadibe

L’Association Mamelomaso a célébré, du samedi 29 mars au lundi 31 mars dernier, l'Alahamadibe, le Nouvel An des Malagasy, à Ankazomalaza - Ambohimanga Rova

no comment - Association Mamelomaso - Alahamadibe

Voir