Jean Andrianaivo Ravelona : L’art d’avoir une âme
16 novembre 2025 // Arts Plastiques // 37 vues // Nc : 190

Un style, une « osmose du visible à l’invisible ». Jean Andrianaivo Ravelona a commencé la peinture à 16 ans. Basé en France, les œuvres comme les convictions du septuagénaire sont profondément enracinées dans sa culture natale. Sa signature s’appelle « Ay Fanahy ».

Il y a des artistes qui peignent le visible, et d’autres qui s’attaquent à l’invisible. Jean Andrianaivo Ravelona, artiste majeur de la scène picturale malgache, peint le souffle. Celui qu’il appelle Ay Fanahy, littéralement « essence de l’âme ». Etabli en France depuis des décennies, le septuagénaire continue de mêler le geste au mystique, la forme au souffle, dans une quête obstinée de sens. Son œuvre, traversée par plus d’un demi-siècle de recherches, se tient à la frontière du réel et du spirituel, entre le tangible et un domaine qu’on pourrait qualifier d’abstrait, la matière et l’esprit. « Ay Fanahy, c’est plus qu’une esthétique, c’est une philosophie de vie », confie le peintre, le regard tranquille mais perçant. Les amateurs d’arts et ses pairs également lisent dans les tableaux de ce Grand-maître des éléments contradictoires mais très complémentaires. « Mon travail consiste à les réconcilier », avait-il dit à la presse lors du vernissage de son exposition au Château d’Asnières, dans la ville d’Asnières-sur-Seine, en France, lors de la célébration de ses 50 ans de peinture, en décembre 2018.

Depuis ses débuts en 1968, Jean Andrianaivo Ravelona n’a jamais cessé d’évoluer. Il en parle de six grandes périodes qui, chacune, marque un tournant intérieur. Le Naïf, d’abord, pour l’enfance et la spontanéité ; le Classique, fidèle à la rigueur académique ; puis le Tourment, où la vie se fait ombre et solitude.

Réminiscences vers …
100x100 - 2019

En 1979, survient la Découverte, « un moment de bascule. J’ai peint Le Chemin, et c’est là que j’ai entendu cette voix intérieure : celle qui m’a dit que ma route, désormais, c’était la peinture », raconte-t-il. Suivent Espoir et Lumière, avant que n’émerge enfin Ay Fanahy, aboutissement d’une longue méditation sur la nature humaine.

Son style, reconnaissable entre mille, oscille entre le classique et l’abstrait, sans jamais rompre avec la narration symbolique. Dans ses toiles, les formes flottent, les silhouettes se dissolvent, les couleurs vibrent comme des prières. Il parle d’« une peinture qui écoute le silence ». À travers des œuvres telles que Vers…, Réminiscence ou Vision de l’âme, il explore l’existentialisme, la mémoire et la transcendance. « Lovakolo, par exemple, c’est une célébration du patrimoine, matériel et immatériel. C’est ce qui reste quand tout le reste disparaît. »

Ce parcours n’a rien d’anecdotique. Élu Homme de l’année 1997 par la Revue de l’Océan Indien, honoré à de nombreuses reprises à l’étranger, dont récemment au Salon Biennal Arts sur Scène en France, avec Lovakolo Anatirova, l’artiste reste pourtant humble. « Une toile Ay Fanahy doit rappeler à celui qui la regarde qu’il est fait d’âme, pas seulement de chair », insiste-t-il. Et derrière la toile, une conviction : celle que la crise que traverse le monde – Madagascar notamment – est avant tout spirituelle. « L’homme a détruit sa racine. Il croit voir la tige et les feuilles, mais il oublie la source, la culture. Quand la racine meurt, tout meurt », lâche-t-il, sans détour. Pour lui, renouer avec le fanahy – le souffle, la conscience – est la clé de toute reconstruction, qu’elle soit artistique, sociale ou écologique.

L’artiste, aujourd’hui, travaille à la mise en lumière du patrimoine Anatirova, comme pour prolonger son dialogue entre art, mémoire et sacralité. Car chez Jean Andrianaivo Ravelona, la peinture n’est pas un simple métier : c’est une prière debout, un acte de résistance tranquille contre l’oubli.

Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Jean Andrianaivo Ravelona
Contact : +33 6 17 49 14 49

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Interview - Mascha et Vincent Paquot Rasquinet - Octobre 2025 - NC 189

Découvrez 𝐌𝐚𝐬𝐜𝐡𝐚 et 𝐕𝐢𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐏𝐚𝐪𝐮𝐨𝐭 𝐑𝐚𝐬𝐪𝐮𝐢𝐧𝐞𝐭, comédiens, dans le 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® NC 189 - octobre 2025. 
Au mois de septembre, les compagnies belges 𝐓𝐢𝐠𝐮𝐢𝐝𝐚𝐩 et 𝐅𝐓𝐋 𝐉𝐮𝐠𝐠𝐥𝐢𝐧𝐠 étaient de passage à Madagascar. Initialement venus dans la Grande île pour assister au mariage de leurs amis, les deux comédiens ont eu un agenda très chargé. Ils ont présenté – presque chaque jour – la pièce muette « 𝑰𝒅𝒚𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒓𝒂𝒄𝒂𝒅𝒂𝒃𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔 ».

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir