Tovo J’Hay : 25 ans de showbiz
1 août 2025 // Musique // 8461 vues // Nc : 187

Cela fait un quart de siècle que ses chansons bercent les mélomanes et les amoureux de belle musique à travers Madagascar. Tovo J’Hay, figure majeure du RnB malgache, remonte sur scène pour un concert-anniversaire. Avant ce grand rendez-vous du 10 août, il nous reçoit entre deux répétitions. Le regard reste doux, la voix posée — mais le coeur, lui, bat toujours au tempo d’un artiste habité.

Tovo J’Hay, cela fait 25 ans que vous êtes sur scène. Comment ressentez-vous ce cap ?
Le temps passe vite, vous savez. Et pourtant, quand je regarde derrière moi, je vois vingt-cinq années pleines, riches, intenses. J’ai sorti sept albums studio, donné des concerts un peu partout à Madagascar, et aussi à l’étranger. J’ai croisé des milliers de visages, serré des mains, entendu des histoires qui m’ont touché, inspiré. Ces dernières années, je suis souvent monté sur scène aux côtés d’artistes que j’estime profondément — Njara Marcel, Nate Tex, Fy Rasolofoniaina, le groupe Zay… Ce sont toujours de belles rencontres, une forme de fraternité artistique. Mais cela faisait dix ans que je ne m’étais pas produit en solo. Dix ans ! Mon dernier vrai concert solo, c’était à Antsahamanitra, en 2015. Alors cette année, pour les 25 ans de ma carrière, en collaboration avec Grace Event, j’ai voulu marquer le coup. Le 10 août, ce sera une grande fête. Un moment à moi, mais surtout pour ceux qui m’ont suivi depuis le début. Il y aura des surprises, des invités, des clins d’oeil… Ce sera un moment de gratitude. De coeur.

Vous avez un répertoire immense. Comment avez-vous choisi les chansons du concert ?
En vingt-cinq ans, j’ai écrit, composé et enregistré plus de 70 chansons. Alors oui, faire un choix n’a pas été simple. Chaque titre raconte une histoire, la mienne, mais aussi celle des gens qui l’ont écouté, aimé, vécu. Il y a des morceaux qui accompagnent des souvenirs précis : un premier amour, une rupture, un mariage, une époque. Ce concert, je l’ai pensé comme un retour en arrière, une sorte de carnet de voyage musical. Le show durera un peu plus de trois heures, et j’ai voulu qu’on revive ensemble les instants forts. Ce ne sera pas juste un enchaînement de tubes, mais un fil d’émotions. Même pour moi, chaque chanson est une bouffée de mémoire. Et puis oui, il y aura quelques titres inédits, tout frais, que je n’ai jamais chantés sur scène. Comme une promesse que l’histoire continue.

Ce concert semble être autant un retour qu’une projection. Quelle est votre intention artistique ?
Ce ne sera pas un concert figé dans la nostalgie, non. Bien sûr, il y aura des souvenirs, des émotions d’hier qu’on va raviver ensemble. Mais j’ai aussi voulu montrer où j’en suis aujourd’hui, musicalement. J’ai intégré des sonorités traditionnelles, des instruments qui racontent notre identité, tout en gardant une base RnB actuelle, fidèle à mes racines artistiques.

Certains morceaux resteront dans leur version originale – parce que la mémoire affective, ça ne se bouscule pas. Mais d’autres seront réarrangés, réinterprétés, pour mieux résonner avec l’artiste que je suis devenu. C’est un concert-pont, un trait d’union entre ce que j’étais et ce que je deviens. Ce que je veux, c’est emmener le public dans un univers vivant, sincère, évolutif. Une sorte de voyage sonore à travers le temps, où chaque étape a son importance. C’est un hommage, oui, mais aussi une déclaration d’avenir.

Justement, comment voyez-vous l’évolution de la scène musicale malgache ?
La musique change, tout le temps. Elle évolue au rythme des tendances, parfois d’année en année, parfois à chaque saison. Quand je regarde le showbiz d’aujourd’hui, je remarque que beaucoup de jeunes artistes s’éloignent de ce que j’appelle « la musique du coeur ». Cette musique qui naît d’une émotion vraie, d’un vécu, d’une intention sincère. Attention, je ne dis pas ça pour critiquer. Je comprends les réalités du métier, les pressions, les envies de buzz, les formats imposés. Mais je crois qu’on peut encore toucher les gens profondément… si on reste vrai. Si on met de l’âme dans chaque note, de l’amour dans chaque mot. Parce qu’au fond, il ne reste pas grand-chose de vraiment libre dans ce monde. Mais la musique, elle, peut encore être ce lieu. Un espace de vérité. Et c’est ça, pour moi, le vrai sens de ce métier. Toucher, rassembler, élever. Par amour.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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