Ce mois-ci, c’est Toavinjanahary Marianno qui réalise la couverture de nocomment. Premier prix du concours Art & Design, ce peintre se distingue par ses œuvres que les amateurs d’art qualifient d’insaisissables. Des tableaux hors cadre !
Comment la création est-elle entrée dans votre vie ?
Privé de dessin par mes professeurs qui me confisquaient mes carnets, j’ai rusé en me tournant vers l’écriture. Plus libre après le bac, je me suis formé seul à la peinture. Sans thèmes imposés, je crée pour moi, incapable d’attendre l’existant : là où d’autres achetaient des posters, moi, je les dessinais.
Vous avez remporté le premier prix du concours Art & Design.
Le tableau Mbola tsy nahazo fahaleovan-tena n’était même pas achevé quand je me suis inscrit. J’ai sauté sur l’occasion. Le voir utilisé en photo de profil ne m’a pas surpris : les gens n’avaient jamais vu ça en soixante ans. Peut-être que ça a changé leur regard sur la situation locale.
Aujourd’hui, vous vous êtes lancé dans le surréalisme ?
Je refuse de rester enfermé dans une formule, même gagnante. On nous martèle l’objectivité en histoire, mais à force, elle devient une maladie qui étouffe la peinture.
Le surréalisme m’a offert une échappée vers l’inconscient et l’irrationnel. Découvert à travers mes cours, j’y ai trouvé une correspondance avec ma quête : matérialiser ce qui échappe à la logique. Mais ce n’est qu’une étape : après lui, je veux explorer l’inspiration elle-même, du Caravage au baroque.
Votre exposition personnelle sera justement consacrée à ce thème.
Le titre sera Quand l’amour est surréaliste. J’ai voulu matérialiser mes réflexions après avoir posé des questions objectives sur l’amour éros, celui qui est sensuel et passionnel. Très vite, je me suis heurté à l’impossibilité de le comprendre logiquement. L’amour est une impasse, une absurdité, une libération ? J’ai renoncé à la logique et choisi le surréalisme pour expliquer l’inexplicable. Parce qu’aimer, au fond, c’est déjà plonger dans le rêve et l’inconscient.
Vous êtes plus aquarelle ou peinture à l’huile ?
J’utilise tous les médiums. L’acrylique quand je suis pressé, l’huile quand j’ai de la patience. Crayon, aquarelle aussi. Ce n’est pas une question d’outil, mais de désir. Je ne sais pas si j’ai de l’inspiration ou non. J’ai juste ce besoin de faire, alors je fais.
Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Facebook : Marianno Toavinjanahary