Ngiah Tax Olo Fotsy : Rappeur à l'état pur
10 juin 2023 // Musique // 5806 vues // Nc : 161

Juslain Totolava, plus connu sous le nom de Ngiah Tax Olo Fotsy, est originaire de la région Antsinanana (Diégo Suarez) dans le nord de l’île. Il figure parmi les icônes du rap, reconnu aujourd’hui sur la scène nationale et internationale.

De prime abord, son nom pourrait passer pour de l’ironie. Comment s’appeler Olo fotsy qui signifie « homme blanc » alors que sa couleur de peau est noire ? Ngiah Tax s’explique dessus. « Le nom est assez philosophique, car pour les Malgaches, c’est l’âme qui fait l’homme et la couleur blanche signifie la pureté.  Ngiah Tax Olo Fotsy veut donc signifier Tax l’homme pur. » Un état d’esprit qui se reflète dans ses chansons. Si, pour percer dans le rap game, les rappeurs n’hésitent pas s’inventer une vie, Juslain préfère rester « real », soit, être lui-même.

Si cet artiste connait un grand succès de nos jours, ce n’est pas un hasard. « Depuis mon enfance, j’ai toujours été bercé par la musique. Mes parents écoutaient énormément les légendes de la musique malagasy tels que Jaojoby, Ejema, Mily Clément. Durant ma jeunesse à Sambava, il y avait également un groupe dans mon quartier qui était composé de grands noms du rap comme Lousfah, Menamaso, Jah Cool, Tony Beljah. J’étais fasciné par ce qu’ils faisaient, de plus, j’adorais le style et le rythme. À cette époque, je savais déjà que j’allais en faire mon métier ». La plaque tournante de sa carrière s’est produite à l’université de Toamasina. « En 2009, je suis tombé sur un groupe d’amis qui étaient dans le rap. Leur crew (collectif) s’appelait Ampsy-Dyh. Je les accompagnais régulièrement au studio alors j’ai commencé à m’essayer à la trap, l’égo trip ainsi qu’au drill. Heureusement, j’ai continué sur cette voie et ça a lancé ma carrière qui, aujourd’hui, dure depuis 7 ans ». Pour la minute histoire, la trap est un courant musical qui a émergé du DirtySouth des Etats-Unis au début des années 2000. Quant au drill, il s’agit d’un sous-genre musical du hip-hop lancé par des rappeurs et producteurs de South Side, Chicago vers l’année 2010.

Le rappeur malgache a commencé à faire parler de lui en 2014 avec son titre « Sôra nôfotro ». Il a ensuite explosé les écrans avec son célèbre hit « Azafady » sorti en 2017, une chanson d’amour dans lequel l’homme demande pardon à sa femme. Cette initiative a largement été plébiscitée, car elle sort du contexte machiste et misogyne qui règne dans la société malagasy. « Ce titre m’a propulsé devant la scène nationale. Je suis même parti en France pour la première fois afin de réaliser son clip. Avant ça, je ne récoltais que des succès d’estime. » À savoir que la réalisation et la production du clip d’« Azafady » ont été confiées à l’équipe de Maitre Gims.

Toutefois, Ngiah Tax déplore le fait de n’être qu’un rappeur au sein de la Grande Ile. Selon lui, le rap ne paye pas assez à Madagascar. « Vivre d’une carrière de rap est assez compliqué à Madagascar. Il faut bien payer les factures et assurer une rentrée d’argent quotidienne, c’est pourquoi je me suis tourné vers les rythmes tropicaux comme le salegy, le gomalahy … Pour autant, je n’oublie pas mes racines de rappeur. Si quelqu’un avait le malheur de me clasher, je lui ferais mordre la poussière » déclare-t-il en riant.

Pour l’écriture de ses textes, Ngiah Tax s’inspire généralement de ce qu’il voit dans la société. Il y a, entre autres, la beauté de l’amour et ses lots de déception, les problèmes récurrents de la jeunesse malagasy, l’inspiration issue de l’euphorie des soirées et des fêtes qu’il anime. « Je suis quelqu’un qui voyage beaucoup. Il y a énormément de choses à raconter et la musique est le meilleur moyen pour transmettre les émotions. » Avec toute la notoriété autour de lui, le jeune homme réussit à garder les pieds sur terre et vivre une vie normale. « La célébrité me pousse vers l’humilité. Sans le soutien du public, je ne serai pas là où j’en suis actuellement. En vérité, je préfère la sympathie des gens par rapport au succès. » En exclusivité pour no comment®, il confie qu’il y a un projet sur les rails. Des artistes telles que Tence Mena y figurera en featuring. En ce qui concerne la clé du succès pour percer dans la musique, il nous donne quelques conseils. « La passion et patience. Donnez le meilleur de vous plutôt que de constamment chercher la célébrité. En fait, la célébrité, c'est comme une ruche. On ne peut pas forcer les abeilles à aller à un tel ou tel endroit. Elles choisissent elles-mêmes où elles voudront s’installer et produire le miel ».

Propos recueillis par  Girard Ravelomanantsoa

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Lire

9 décembre 2025

Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Disco Afrika, réalisé par Luck Razanajaona, devient le premier film malgache soumis aux 98ᵉ Oscars dans la catégorie Meilleur film international, aprè...

Edito
no comment - Shows devant !

Lire le magazine

Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

No comment Tv

Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

November Numérique

November Numérique à l'IFM

no comment - November Numérique

Voir