Motu Ula Ula : Des hanches et des histoires
4 octobre 2025 // Arts de la scène // 3822 vues // Nc : 189

Loin des clichés d’une danse exotique, l’ori tahiti raconte des histoires, exprime des émotions, libère les corps. À travers Motu Ula Ula, , littéralement « l’île rouge » en tahitien, cette discipline s’ancre peu à peu dans le paysage culturel malgache.

Début septembre, à l’hôtel du Louvre d’Antaninarenina, la salle a vibré comme sous l’effet d’un séisme. Les grondements des toere – ces tambours polynésiens capables de faire battre le cœur plus vite – ont fait trembler la terre autant que les corps. Puis les danseuses de Motu Ula Ula sont entrées et ont offert une immersion dans l’ori tahiti, cette danse traditionnelle polynésienne où les hanches parlent et les bras récitent des poésies. Créé il y a trois ans, le groupe Motu Ula Ula compte actuellement une quinzaine de membres, issues de toutes les classes d’âge. « Il n’y a pas d’âge pour danser l’ori tahiti, pas de genre non plus, même si nous ne comptons pas encore de membre masculin pour l’instant. Mais ça viendra », souhaitent les danseuses.

L’ori tahiti est tout sauf une simple chorégraphie. On croit souvent qu’il s’agit d’une danse exotique, d’un simple déhanchement gracieux. En réalité, c’est un langage codé où chaque geste, chaque vibration des hanches ou inclinaison du bras a une signification précise : amour, peur, surprise, stupéfaction. « Les pas et les gestes ne sont pas que des ornements. Ils forment des mots, et leur enchaînement compose une histoire que le public comprend », explique Ny Aina Raharinarivonirina, fondatrice et chorégraphe du groupe. Formée à Paris, cette polyglotte parlant couramment le tahitien a ramené cette discipline à Antananarivo en 2022, convaincue que les contes polynésiens pouvaient dialoguer avec l’imaginaire malgache. La troupe a ainsi dansé sur Isekely de Mahaleo ou encore adapté les contes de Trimobe et d’Ikotofetsy.

Mais derrière la grâce, il y a l’endurance. S’accroupir, se relever d’un bond, maintenir deux minutes d’ondulations frénétiques dans un solo d’otéa… c’est presque un marathon. Cela demande une condition physique redoutable. « C’est très sportif, mais tellement libérateur », souffle Annick Ramino. Ancienne danseuse de danse latine, elle a trouvé dans l’ori une liberté rythmique insoupçonnée. Les membres de Motu Ula Ula revendiquent aussi une esthétique différente de celle qu’imposent souvent les scènes de danse occidentales. Ici, pas de taille mannequin exigée. « Nous sommes fières de nos corps », assurent-elles avec aplomb. Leurs rondeurs donnent du volume, de la sensualité aux ondulations, défiant ainsi les clichés.

À Antananarivo, l’ori tahiti reste encore confidentiel. Mais ailleurs dans le monde, il fait l’objet de compétitions en Europe, en Asie ou aux États-Unis. Motu Ula Ula rêve d’y hisser haut le nom de Madagascar. « Ce n’est qu’une question de temps », sourit Ny Aina. En attendant, elle travaille à la vulgarisation de cette discipline qu’elle qualifie de langage universel.

Solofo Ranaivo

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir