Francesca Raoelison : Recoller les émotions
21 décembre 2025 // Que sont-ils devenus ? // 76 vues // Nc : 191

Née presque timidement il y a cinq ans, Omena avance aujourd’hui en première ligne d’un pays fatigué émotionnellement. Sessions, formations, interventions : l’ONG étend son travail comme on tend une main. Francesca Raoelison le dit sans détour : « On doit apprendre à se protéger pour pouvoir avancer. »

Depuis la dernière fois, quelles sont les nouvelles ?
Avec tout ce qui s’est passé récemment à Madagascar, on a vu une hausse des signes d’anxiété, de peur et de fatigue émotionnelle. On vit un trauma collectif. Les réseaux sociaux nous informent, mais nous épuisent, car on reste connectés à la douleur collective. Beaucoup, surtout les jeunes, ont du mal à distinguer s’informer et se protéger. Sans limites, cette surcharge devient une détresse physique et psychologique : troubles du sommeil, anxiété, irritabilité, épuisement. D’où l’importance de proposer des espaces pour mettre des mots, relâcher et respirer. On avance en écoutant nos émotions.

Quel est l’effet d’une exposition répétée aux mauvaises nouvelles ?
Une exposition constante à des nouvelles violentes ou stressantes maintient le système nerveux en alerte. C’est un état de survie émotionnelle : le corps ne distingue plus menace réelle et menace perçue. On dort mal, on reste tendu, on se sent fatigué sans comprendre pourquoi, jusqu’à atteindre une fatigue émotionnelle collective.

Les réseaux sociaux amplifient cela : on scrolle pour s’informer ou se rassurer, mais plus on regarde, plus on se sent impuissant. C’est une forme de trauma collectif, car nos émotions sont connectées.

Comment Omena répond-elle à cette situation, et quel rôle ont les médias ?
Nous avons lancé des sessions somatiques et de journaling collectif : des espaces non politiques pour ressentir, relâcher et se reconnecter à soi, avec respiration consciente, mouvement doux et écriture. Ces outils libèrent le stress et les émotions retenues, souvent sources de douleurs physiques. Nous voulons étendre ces espaces en malgache et en français. Ce ne sont pas des thérapies, mais des lieux de guérison collective. Les médias ont un rôle clé : informer avec humanité. Une information trop violente ou sans contexte paralyse. Montrer aussi des récits d’espoir et de solidarité aide chacun à garder la force d’affronter la réalité.

Quel impact Omena a-t-elle eu, et quelles sont vos priorités pour 2025 ?
Depuis 2019, nous avons formé 375 éducateurs communautaires. Ils transmettent nos outils aux jeunes, parents et enseignants. Plus de 20 000 personnes ont été directement touchées, et nos campagnes ont atteint environ 1,5 million de personnes. Après ce que le pays a traversé, notre priorité est la sécurité émotionnelle et la stabilité. Beaucoup de projets ont été mis en pause. Nous poursuivons les sessions psychosomatiques, qui permettent de relâcher, respirer et retrouver de la force. Elles aident l’équipe et les éducateurs à se réguler avant d’accompagner les communautés. Une fois cette base retrouvée, nous reprendrons nos projets, renforcerons nos partenariats et étendrons notre programme de formateurs, avec la conviction que la santé émotionnelle est le socle d’un changement durable.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

https://www.omenamovement.org

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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