Qui ne s’est jamais demandé, en consultant une carte, ce qu’il y a entre les routes tracées ? Pour Njato Mathias et sa communauté de randonneurs, la seule façon de le savoir, c’est d’y aller. Ils expérimentent tout ce à quoi on s’attend (ou pas) sur des kilomètres choisis par pure curiosité.
Vazantany, c’est une réprimande ?
Nous étions juste un groupe de jeunes qui voulait sortir, mais les voyages organisés coûtaient trop cher. Alors on a décidé de le faire avec nos propres moyens. On a commencé par visiter les 12 collines sacrées, pour prendre des photos. En novembre 2022, on a voulu donner un nom à notre initiative : d’abord Lavatongotra, un clin d’œil aux réprimandes d’enfants, mais dans un sens constructif.
Finalement, on a opté pour Vazantany, parce que notre but, c’est de découvrir Madagascar avant d’aller voir ailleurs. C’est non lucratif, ouvert à tous : chacun paie ses frais, et nous, on s’occupe de l’organisation, en bus puis à pied. Avec le temps, on a même appris à tracer des itinéraires où on ne revient pas au point de départ, comme récemment, où on est partis d’Ambatomirahavavy pour finir à Vontovorona.
Cela donne quoi sur la route ?
Il faut s’attendre aux imprévus ! Une fois, on voulait aller à Kaloy sans savoir où c’était. On a marché des heures avec des infos floues, on s’est perdus, on a fini par reporter. La deuxième tentative, on est arrivés trop tard à Sadabe à cause de l’état de la route. Pas de sac de couchage, plus de taxi-brousse, on a dormi dans un village après avoir demandé de l’aide aux gendarmes. Avec Vazantany, on repère un minimum, mais on improvise beaucoup. On parle aux gens, on marche, on dort là où on peut.
Pour relier Mantasoa à Tsiazompaniry, on a marché trois jours, dormi au bord du lac, avec juste quelques papiers pour passer les barrages. On est aussi partis plusieurs fois avec des gens de plus de 40 ans, mais on apprend ensemble, et chacun avance à son rythme.
Et la communauté ?
Dans l’esprit de l’émission J’irai dormir chez vous, on a approché le chef fokontany de Tsarafandry. On avait prévu un petit budget, on a partagé un repas avec un habitant, et passé la soirée à écouter les récits sur l’expropriation des rizières à cause de la future autoroute. C’est ça aussi Vazantany : au-delà des kilomètres, ce sont les échanges humains qui comptent. Le groupe Facebook permet à chacun de rejoindre l’aventure ; on y partage les infos sur les lieux, les dates, les dépenses. On est entre 4 et 13 selon les sorties, mais toujours dans un esprit de partage et d’entraide.
Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Groupe Facebook : VAZANTANY