Résistance malgache : Entre fusils et talismans – l’exemple de Ramidika
26 octobre 2025 // Mistery // 1715 vues // Nc : 189

L’histoire de Madagascar face à la colonisation française ne se résume pas à des batailles perdues d’avance. Du XIXᵉ au XXᵉ siècle, les Malgaches se sont soulevés à plusieurs reprises : la rébellion Menalamba (1895–1897), le soulèvement du Sud-Est (1904–1905), la révolte Sadiavahy (1915–1917), et enfin la grande insurrection de 1947. Toutes ont en commun un mélange de stratégie militaire, de résistance populaire, mais aussi de recours à un arsenal spirituel et symbolique qui leur donnait force et cohésion.

Les combattants malgaches ne s’appuyaient pas uniquement sur leurs armes rudimentaires face aux fusils modernes. Ils portaient des ody ( talismans ) censés détourner les balles ou semer la confusion chez l’ennemi, et invoquaient des sampy ( amulettes ) protectrices rattachées aux ancêtres. Ces pratiques, loin d’être anecdotiques, constituaient un véritable moteur tant physique que psychologique : elles transformaient la peur en courage et renforçaient l’identité commune contre l’occupant.

C’est dans ce contexte que prend place la légende du général Ramidika, figure populaire de Mananjary en 1947. Selon les récits oraux, Ramidika était « tsy andairam-bala » — insensible aux balles. Avant chaque attaque, il effectuait avec ses hommes des rituels qui auraient fait échouer les balles françaises : même lorsqu’il fut capturé et condamné à mort, douze tirs de peloton d’exécution n’auraient jamais pu le toucher. Impressionnés, les officiers français auraient renoncé à le fusiller et l’avaient envoyé en prison à Antananarivo.

Ramidika aurait résumé son engagement ainsi : « Mon histoire sera un héritage pour les générations futures, pour inspirer l’amour de la patrie chez chaque jeune, car la lutte continue, même si la nôtre s’est achevée. »

Cette figure, illustre parfaitement le mélange de résistance militaire et spirituelle propre aux Malgaches. Ces pratiques, qu’elles relèvent de l’ody, des sampy ou de rituels ancestraux, étaient autant un bouclier psychologique qu’une arme symbolique contre l’occupant.Face à cette ferveur, la répression coloniale fut implacable : exécutions de masse, villages incendiés, populations déportées. Mais la croyance en la protection des ancêtres et des forces invisibles permit à de nombreux Malgaches de tenir tête à une puissance bien plus armée qu’eux.

Ainsi, au-delà de la mémoire des guerres et des révoltes, Madagascar conserve un héritage unique, où le visible et l’invisible, le réel et le symbolique, s’entrelacent pour raconter l’histoire d’un peuple qui n’a jamais cessé de se battre pour sa dignité et sa liberté.

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
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