Ranavalona III : Et moi, je suis la Reine
9 décembre 2025 // Histoire // 54 vues // Nc : 191

Dernière souveraine d’un royaume devenu colonie, Ranavalona III a été écartée comme on ferme un chapitre gênant. Son exil n’a rien d’une retraite dorée : c’est une vie surveillée, notée, consignée. Un destin royal passé au filtre d’une domination sans détour.

Dans quel contexte politique s’achève le règne de Ranavalona III et comment se décide son exil ?
Ranavalona III règne de 1883 à 1897, une période marquée par deux guerres franco-malgaches. La seconde, en 1894-1895, conduit à un protectorat plus strict et provoque une forte insécurité, notamment avec les Menalamba, qui rejettent les accords passés avec la France.

Après l’exécution de missionnaires et l’exil du Premier ministre Rainilaiarivony, la France fait voter la loi d’annexion : le 6 août 1896, Madagascar devient officiellement colonie française. La monarchie est abolie quelques mois plus tard et, pour « raisons de sécurité », l’administration décide d’éloigner la Reine.

Comment se déroule son départ et quelles sont les premières étapes de son exil ?
La Reine quitte Madagascar en mars 1897 pour La Réunion, considérée comme un éloignement proche et contrôlé. Elle part avec sa tante Ramisandrazana, sa sœur Rasendranoro, les enfants de cette dernière, plusieurs domestiques et le pasteur du palais. À La Réunion, elle réside à la villa La Ponama, propriété de la famille De Villèle. Mais l’insécurité persistante à Madagascar convainc la France de l’éloigner davantage : en 1899, elle est transférée en Algérie, où elle vivra jusqu’à sa mort en 1917.

Quelles étaient ses conditions de vie en exil ?
Elle vit sous surveillance stricte : chaque sortie, chaque visite, chaque déplacement est consigné dans des rapports quotidiens. Elle ne peut recevoir de Malgaches sans autorisation. L’administration lui accorde une pension de 30 000 francs, mais refuse plusieurs demandes, dont l’achat d’une maison ou l’augmentation de sa pension. Les épreuves personnelles sont nombreuses : sa sœur meurt en Algérie en 1901, et les autorités refusent de prendre en charge les soins et l’enterrement. Le pasteur qui l’accompagnait décède également en exil.

A-t-elle conservé une forme de vie publique malgré l’exil ?
Oui. En 1901, elle effectue un premier voyage en France, visite Fontainebleau et reçoit le grade de Grand Officier de la Légion d’honneur. En 1907, elle assiste au défilé du 14 juillet et revoit le général Gallieni. En 1917, elle est autorisée à rencontrer les tirailleurs malgaches engagés dans la Première Guerre mondiale. Elle demeure alors une figure symbolique, sans pouvoir mais toujours présentée comme la « dernière Reine de Madagascar ».

Dispose-t-on de témoignages personnels sur cette période ?
Très peu. La Reine n’a pas laissé de journal. Les articles de presse décrivent une femme réservée, parlant un français impeccable mais souvent mélancolique, portant les mêmes vêtements lourds. Lors d’un séjour en France, elle assiste même à une pièce de théâtre portant son nom, preuve qu’elle restait, malgré tout, une figure publique.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Lire

9 décembre 2025

Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Disco Afrika, réalisé par Luck Razanajaona, devient le premier film malgache soumis aux 98ᵉ Oscars dans la catégorie Meilleur film international, aprè...

Edito
no comment - Shows devant !

Lire le magazine

Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

No comment Tv

Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

November Numérique

November Numérique à l'IFM

no comment - November Numérique

Voir