Kiady Ratovoson : Pour un design intemporel et universel
19 avril 2025 // Mode & Design // 6480 vues // Nc : 183

Du 7 au 21 juin 2025, Kiady Ratovoson sera l’un des designers exposés au Malagasy Design Gaze, la toute première Design Fair de Madagascar, sous le commissariat d’Ihoby Rabarijohn. Un événement qui s’inscrit dans la continuité de sa participation à la Milan Design Week, du 7 au 13 avril, où on explorera le thème « Mondi Connessi » : un design au croisement des nouvelles technologies et du dialogue entre savoirs. Avec « Objects with soul », sa première exposition personnelle à la Flow Gallery, également curatée par Ihoby Rabarijohn, il propose une série de pièces uniques, pensées pour traverser le temps avec leur utilisateur, et s’opposer à l’approche de surproduction permise par la technologie. Un équilibre subtil entre l’inspiration mid-century modern et l’artisanat malgache.

Comment donnez-vous une âme aux objets ?
« Objects With Soul » incarne une vision du design qui dépasse l’esthétique et la fonctionnalité. Un objet ne doit pas être figé : son histoire continue à s’écrire au fil du temps, portée à la fois par celui qui l’a conçu et par celui qui l’utilise. Ce qui m’intéresse, c’est le lien qui se tisse entre eux, cette cocréation. L’objet prend vie à travers cette interaction. J’accorde aussi une importance particulière à la durabilité et à l’universalité du design. Plutôt que de suivre les tendances, je cherche à concevoir des objets intemporels, capables de dialoguer avec plusieurs générations d’utilisateurs. J’ai donc imaginé des pièces simples et élégantes, dont l’esthétique et la fonction trouvent naturellement leur place dans des contextes variés.

Quelles sont vos inspirations ?
Le courant mid-century modern m’inspire particulièrement, car il équilibre esthétique, fonctionnel et durabilité. Aujourd’hui, le design est souvent tourné vers la nouveauté à tout prix, sans se soucier de ce qui va réellement durer. Moi, c’est cette question qui me fascine : comment concevoir des objets capables de traverser les époques ?

Et l’influence de l’artisanat malgache ?
L’artisanat malgache m’inspire avant tout par le talent exceptionnel de ses artisans. Je collabore avec des artisans très doués qui ont su donner vie à chaque concept de mes pièces. Cela se traduit par des lignes épurées, des formes organiques et géométriques, et parfois des références culturelles subtiles. Ce que je trouve fascinant, c’est le contraste entre l’artisanat et la technologie moderne. Grâce aux avancées technologiques, il est devenu très facile de créer des prototypes et d’expérimenter rapidement. Mais cette rapidité a aussi ses limites : trop souvent, elle prend le pas sur la profondeur et le storytelling des objets. La vraie question est : comment concevoir une pièce qui traverse le temps ? Pour moi, un objet doit être aussi agréable à regarder aujourd’hui que dans dix ans.

Comment cela se traduit-il dans vos créations ?
La chaise qui voulait devenir une lampe est un bon exemple. C’est la première pièce que j’ai créée pour « Objects With Soul », et elle a servi de point de départ pour toute la collection. En travaillant sur ce tabouret, j’ai exploré son potentiel au-delà de sa fonction initiale, jusqu’à le transformer en lampe. Le résultat est un objet hybride, à la fois chaise, table et lampe. Cette pièce incarne pleinement ma démarche : concevoir des objets qui évoluent, qui s’adaptent et qui racontent une histoire à travers leur transformation. Mon approche du design est aussi le reflet de mon parcours. J’ai étudié à Milan et à Shanghai, et cette expérience m’a permis de fusionner mon héritage malgache avec une vision internationale.

Que représente la Milan Design Week pour vous ?
C’est une très belle opportunité. Être invité au plus grand événement de design au monde, c’est important pour moi. C’est l’occasion de présenter mon travail à un public international, d’échanger avec d’autres designers et d’explorer de nouvelles idées. Pour Milan, je vais présenter une chaise qui semble flotter sur deux pieds. Ce que je trouve fascinant dans le design, c’est le contraste entre le bois, qui est une matière rigide, et les mouvements qu’on peut lui donner.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

https://www.kiadyratovosonatelier.com

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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