Miaro Tanjona : Tambour battant
1 décembre 2025 // Musique // 78 vues // Nc : 191

Fils d’une légende, mais artiste à part entière, Miaro Tanjona a trouvé sa voix dans le rythme. Des scènes de concerts aux studios d’enregistrement, il façonne une musique qui lui ressemble : vivante, métissée, profondément libre.

Sous sa crinière, Miaro Tanjona a tout l’air d’un garçon réservé. Mais qu’il suffise qu’il touche une percussion pour que le timide s’efface aussitôt. L’énergie prend le relais, la musique parle à sa place. Des pointures du showbiz malgache comme Lalatiana, Zay ou encore Edgar Ravahatra ont déjà fait appel à son talent et à sa dextérité pour les accompagner sur scène. Le jeune percussionniste est à la musique ce qu’Obélix est à la potion magique : il est tombé dedans tout petit. Là où d’autres enfants s’endormaient au son de « À la claire fontaine » ou de « Mandihiza rahitsikitsika », lui s’endormait sur les frappes virtuoses de Giovanni Hidalgo, que son père lui faisait écouter. Le père en question n’est autre qu’Olombelo Ricky, figure mythique de la musique malgache et icône des percussions.

Son histoire avec le rythme remonte à l’enfance. « Quand on n’allait pas à l’école, avec mes cousins, on rassemblait des boîtes de conserve et on jouait les batteurs », se souvient Miaro, un sourire aux lèvres. Le garçon était visiblement doué. « Je me rappelle qu’à mes 11 ans, pendant un délestage, mon père tapait sur la table, et je le suivais sans rater un temps. Il m’a regardé, surpris, et m’a dit que j’étais fait pour ça », raconte-t-il. Peu après, le petit recevait son tout premier aponga, un tambour artisanal déniché au marché d’Analakely.

Autodidacte avant tout, Miaro a sillonné les ateliers de la capitale, notamment ceux du Tahala Rarihasina. « Ce sont Ariry Andriamoratsiresy et Volahasiainia Linda qui m’ont appris les bases et les techniques. Je leur dois beaucoup », confie-t-il. Après une courte pause pour ses études, il remonte sur scène à 18 ans, lors du concert Manal’Azy Vita Bacc à Ambohijatovo — un événement annuel porté par Olombelo Ricky — où il ouvre la soirée avec la chanson Soanaly. Un an plus tard, il entame ses premières tournées comme percussionniste. « Ce métier m’a fait voyager, rencontrer des gens incroyables, découvrir d’autres cultures. C’est la plus belle récompense », dit-il avec émotion.

Entre deux tournées, Miaro s’essaie à d’autres instruments — la basse, la trompette — qu’il apprend seul, « par curiosité et par envie de comprendre comment tout se relie ». Mais son univers dépasse la scène : il compose aussi pour la publicité, le cinéma ou les expositions. On lui doit notamment la bande sonore de Toy ny ranomasina de Richinany Ratovo, où il mêle percussions et bruitages d’eau pour évoquer la mer. « Je ne me pose pas de limites dans la création. Si un son me parle, je l’intègre », balance l’artiste.

Dans son studio d’Alasora, Miaro passe des heures à écrire, enregistrer et peaufiner ses morceaux. « Il peut y avoir du funk, de la salsa, du salegy… parfois tout ça dans une seule chanson », déclare le compositeur. Son titre Ho fenoiko Loko en est l’exemple parfait : un début funky, une envolée latine en milieu de morceau, et une fin pleine de lumière. « Je fais avant tout la musique que j’aime. Elle me ressemble : libre et pleine de couleurs », confie-t-il. Mais s’il n’exclut pas un album, Miaro préfère pour l’instant continuer à sortir des singles. En tournée jusqu’à la fin de l’année, il reviendra sur la scène malgache en janvier, aux côtés de Lenjaka, Joro Rakotozafiarison, Khalifa Battoura et Kevin Mirija. Et après ? Un one-man-show. « Un homme pour plusieurs instruments, c’est un peu ma devise », lance-t-il en riant.

Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Miaro Tanjona

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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