Lofo Nirina : Maintenant les Russes connaissent le skate malgache !
9 novembre 2022 // Loisirs & J’ai essayé // 4437 vues // Nc : 154

Il a représenté Madagascar lors du championnat international « Grand Skate Tour » en Russie, en septembre dernier. Face à ses adversaires de trempe internationale, Lofo Nirina ne s’est pas démonté et a pu se hisser en quart de final, en tête des pays africains. Une grande victoire pour ce gamin issu des quartier populaires.

Grâce à son titre de Champion de Madagascar, Lofo Nirina a eu l’énorme surprise de se voir invité par la Fédération russe de skateboard pour participer à la deuxième édition du Grand Skate Tour qui se tenait à Moscou du 2 au 11 septembre. « Vers la mi-août, la Fédération russe m’a appelé pour m’annoncer cette invitation. J’étais à la fois fou de joie et… déçu, car je n’avais pas les moyens de me rendre personnellement à Moscou. Mais j’ai finalement compris que tout était pris en charge par la Fédé. Je n’avais que trois semaines pour avoir tous les papiers administratifs, style passeport, car c’est la première fois que je voyageais hors de Madagascar. »

Madagascar figurait parmi les sept pays africains et les 25 pays participants. Pendant dix jours, Lofo Nirina a donc pu côtoyer les plus grands skateurs internationaux, ceux qu’il avait l’habitude de regarder sur internet ! « Il y a eu deux jours de compétition et le reste était consacré à des conférences, des rencontres et à la présentation des participants. J’ai eu l’occasion de parler de Madagascar et de leur faire comprendre que nous ne vivons pas dans un dessin animé. » Durant ces deux jours de compétition, la Grande Île a d’ailleurs eu la meilleure note parmi les pays africains. « Ils étaient tous étonnés, ils m’ont dit que j’avais le niveau d’un professionnel. Là-bas, on peut être skater pro à 14 ans. »

Lofo Nirina s’est démarqué par ses techniques de sauts et sa personnalité, alors même que c’était la première fois qu’il expérimentait leurs super skateparks aux normes internationales, complètement inconnus dans son quartier  ! « Je suis plus petit que la moyenne mais j’excelle dans les sauts. J’ai pu faire la différence durant les démonstrations de rue (street spots) parce qu’ici, à Mada, on a l’habitude de s’entraîner dans les rues, dans les escaliers, sur les parkings. À l’époque, il n’y avait pas du tout de skateparks. On faisait nos figures dans les rues et on se faisait souvent courser par la police… »

Issu d’un quartier populaire, Lofo Nirina a fait de sa planche un mode de vie en soi. Et comme toujours à Mada avec trois fois rien et du matériel rafistolé. C’est ainsi qu’il a concouru en Russie avec un skate en bambou alors que la plupart sont en bois d’érable du Canada. « Le bambou les a pas mal bluffés. Le concept est purement malgache, ilo appartient à mon sponsor Gorisa Gorisa, mais la fabrication se fait en Asie. » L’un des principaux blocages à l’évolution de skate à Madagascar est bien sûr le coût du matériel. Une planche coûte 200 000 Ar tandis qu’un skate complet va chercher dans les 450 000 Ar. « La plupart des skateurs font hyperattention pour ne pas casser leur skate, et cela les empêche de s’entraîner à des figures plus acrobatiques, donc d’évoluer. Il est important de trouver une solution si on veut se présenter à l’extérieur comme une nation de skateurs. »

Avec la création de deux skateparks à Tana, les adeptes commencent à augmenter et en parallèle, le niveau du skate à Madagascar monte en flèche. « Au fil du temps, nous avons organisé des compétitions et les magasins de skates nous ont suivi pour sponsoriser ces événements. Moi-même j’ai arrêté mon travail d’animateur télé pour me consacrer entièrement au skate et devenir animateur et formateurs pour les enfants. » Une chose est sûre,grâce aux encouragements de ses pairs rencontrés à Moscou, Lofo Nirina se sent plus confiant quant à l’avenir du skate à Mada, étant lui-même la preuve qu’on peut y arriver.


Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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