Ianne Karisy : Voix sous les tropiques
3 novembre 2025 // Musique // 136 vues // Nc : 190

On l’a vu récemment sur scène dans la capitale. La soprano Ianne Karisy incarne la passion de l’opéra, un art rare sous les tropiques. Formée à Madagascar, portée par la rigueur et l’émotion, elle rêve d’un jour chanter un rôle du début à la fin — et de rendre cet art universel accessible à tous.

©photo : Fenosoa Fanomezana

Au mois de septembre, à l’Institut Français de Madagascar, elle interprète Puccini, Massenet, Gershwin, Monteverdi et bien d’autres encore. Le public du Concert Classique du Midi – Madagascar Mozarteum – lui a accordé une standing ovation à la fin de sa prestation. Formée au Centre d’éducation musicale Laka auprès de Holy Razafindrazaka, ancienne du Conservatoire de Paris, elle découvre l’opéra après un parcours de choriste à la FJKM Amboninampamarinana. « La formation est essentielle, dit-elle. Il faut comprendre la technique, le souffle, la langue et l’histoire de chaque œuvre », soutient la soprano. Elle a depuis incarné Frasquita dans Carmen et Diane dans Les Aventures du Roi Pausole, mais son rêve est de jouer un opéra complet. « J’aimerais interpréter un rôle du début à la fin, comme Manon dans Manon de Massenet ou Mimì dans La Bohème de Puccini », confie-t-elle. Faute de structures adaptées, elle ne peut encore aborder ces œuvres dans leur intégralité.

Pourtant, rien n’est plus familier que les émotions qu’elle chante. « Dans la musique classique, chaque suite de notes correspond à une émotion. Même sans comprendre la langue, on peut ressentir la mélodie, le visage, la mise en scène. L’émotion est universelle : c’est cela qui me touche », déclare la cantatrice. Amour impossible, jalousie, mort, renoncement : autant de thèmes qui, pour Ianne Karisy, parlent à tous les publics.

Malheureusement, produire un opéra à Madagascar relève du défi. « Ici, il n’y a pas de conservatoire, pas de maison d’opéra, ni de salle adaptée à l’acoustique », déplore la cantatrice. Les chanteurs répètent après le travail et financent tout eux-mêmes : location de salle, musiciens, costumes, chorégraphes, transports de ces professionnels. « Un billet à 100 000 ariary – qui compenserait le tout – est hors de budget pour la plupart des Malgaches », regrette-t-elle. À signaler que ces difficultés rejoignent une tendance mondiale. L’Unesco note que la plupart des politiques culturelles africaines privilégient les musiques populaires et les arts traditionnels. Et même en Europe, où cet art est né, seuls 3 à 5 % des adultes assistent à un opéra ; plus de 70 % du public a plus de 55 ans et 90 % sont diplômés de l’université. L’élitisme n’est donc pas esthétique, mais structurel, né des inégalités d’accès. Pour Ianne Karisy, l’avenir passe par la pédagogie et la vulgarisation. « Il faut proposer des concerts gratuits, diffuser sur les réseaux sociaux ou à la radio », clame-t-elle. Sa voix, aujourd’hui accompagnée par celle de son mari, pianiste et coach vocal, défend encore « la valeur humaine et émotionnelle, la valeur artistique, éducative et culturelle » de l’opéra. Un art qu’elle rêve de rendre au public.

Mpihary Razafindrabezandrina

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - La fierté en prolongations

Lire le magazine

La fierté en prolongations

Il y a des moments où Madagascar oublie ses 23 régions et vibre à l'unisson. C’était le cas lors de la dernière édition du Championnat d'Afrique des Nations l'a bien montré. Les Barea, match après match et en devenant vice-champions d'Afrique, ont fait que bien des Malgaches se sont découverts fans du ballon-rond. Chaque coin de rue, chaque taxi-be, chaque salon étaient transformé en fans-zone. Chaque passe et chaque drible était commenté comme si l'avenir du pays en dépendait. Et peut-être que c'était le cas. C’est fou le foot ! Rendez-vous à la Coupe du monde ?Mais ces moments de joie et de fierté collectives ne sont pas qu’au stade. Ca serait réducteur de penser ainsi. Le rapatriement du crâne du roi Toera a réveillé un sentiment patriotique forts dans le cœur de millions de Malgaches. L’événement national a fait ressurgir un passé qu'on pensait enfoui dans les livres. Des Sakalava aux habitants des Hauts Plateaux, tous ont exprimé leur fierté. Nous avons des aïeux braves !Et puis, il y a ces jeunes qu'on oublie souvent, mais que No Comment essaie de mettre en avant. Ils brillent même souvent loin des projecteurs. Grâce à leurs exploits – en raflant médailles et coupes dans des tournois continentaux et mondiaux de robotique et intelligences artificielles – Madagascar est davantage connu du monde. On en parle moins, alors que leur succès est aussi intense qu'un but à la dernière minute.Force est de dire que ce qui nous rassemble, ce sont ces vibrations partagées. Ces événements mettent entre parenthèses notre quotidien et font vibrer notre cœur de Malgache. Un but, un crâne de roi, une invention IT... Peu importe, tant que ça prouve qu'ensemble, Madagascar peut faire bouger les choses.

No comment Tv

Making of shooting mode – OCTOBRE 2025 – NC 189

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition octobre 2025 - NC 189. 
Prise de vue : Golden Cheerz 
Collaborations : Tanossi  – Via Milano mg  – HAYA Madagascar  - Akomba Garment MG - Carambole 
Make up : Réalisé par Samchia
Modèles : Rantoniaina, Wendy, Christelle, Manoa, Rina, Mitia, Santien, Mampionona
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir