Economie : 1300 ans d’affaires et d’ombres
6 juillet 2025 // Histoire // 1546 vues // Nc : 186

Madagascar et l’économie, l’histoire ne date pas d’hier. C’est en tout cas ce qu’affirment les économistes et historiens réunis à la Cité des Cultures, les 3 et 4 juin derniers, pour un colloque sobrement intitulé : « Madagascar, plus de 1300 ans d’histoire économique vivante ». Une initiative de FTHM Consulting et du département d’Histoire de l’Université d’Antananarivo, qui a mis en lumière un pan méconnu — mais essentiel — du passé de l’île : son enracinement ancien dans les échanges commerciaux.

« Entre mers et terres, sociétés et économies à Madagascar précolonial ». Le titre de la communication d’Helianta Rajaonarison a sonné comme une révélation. Loin de l’image d’une île isolée, Madagascar apparaît, dès les premiers siècles, comme un carrefour animé, un terrain de commerce et de convoitise. « Terre vide d’hommes, mais pleine de ressources », selon l’expression consacrée, elle attire rapidement marchands et navigateurs. Le grand Sud-Est, surtout, devient zone de transit : esclaves, bois rares, objets exotiques… les arabo-musulmans y font escale avant de poursuivre vers l’Austronésie.

Le site de Mahilaka, analysé par la Pr Chantal Radimilahy, cristallise cette histoire. À la fois comptoir et centre de résidence, il reliait Vohémar — point de contact stratégique — à un réseau économique vaste et dynamique. Les fouilles y révèlent mosquées, poteries, perles, tombes. Autant de traces d’une économie déjà bien ancrée.

Mais c’est le commerce d’esclaves qui, pendant longtemps, va constituer l’épine dorsale de cette économie. Avant même Flacourt, au moins vingt traitants opéraient déjà sur la côte Est. Fort-Dauphin, alors, tourne à plein régime. Les rois malgaches y participent activement. Jusqu’en 1817, où Radama Ier, conseillé par les Britanniques, signe un traité d’abolition. Officiellement pour unifier le royaume — officieusement pour rééquilibrer les forces. L’arrêt brutal du commerce finit par pénaliser certains Hova, grands revendeurs d’esclaves. Et plonge le pays dans un cycle de violences internes, les guerres entre clans malgaches se poursuivant pour alimenter malgré tout les circuits de traite.

Plus tard, Rainilaiarivony renoue avec les affaires — à sa manière. Soutenu par Andafiavaratra, entouré des Tsimiamboholahy, il développe son propre réseau d’importation depuis l’Europe et Maurice, tandis que son fils Rajoelina tente de le renverser. On retrouve leur nom jusque dans l’exploitation aurifère aux côtés de Léon Suberbie. La monarchie se fissure, les rivalités internes s’exacerbent.

En 1885, le révérend Baron signe une lettre au vitriol, qui sonne comme un verdict : « Les médiocres se pavanent et les rapaces remplissent nos terres. » Un constat amer, presque prophétique, qui résonne encore dans les débats d’aujourd’hui.

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Que vous êtes d’août

Août. Le thermomètre frissonne, les collines brunissent, les marchés se vident de leurs fruits… et pourtant, c’est comme si la vie, elle, éclatait. Dans tout Madagascar, ce mois résonne de chants et de tambours : famadihana dans les hautes terres, circoncisions rituelles, fitampoha dans l’ouest, festivals et cérémonies qui raniment les villages. Août, c’est le mois où les vivants et les ancêtres se retrouvent, où l’on danse avec le froid pour réchauffer les cœurs. Si l’on y pense bien, la fête nationale aurait presque plus de sens ici qu’en juin. Août est viscéralement malagasy. Il n’offre ni luxuriance ni abondance, mais une force invisible circule – celle des liens, des mémoires, des célébrations partagées. Entre un ciel d’azur et une terre sèche, le peuple, lui, fleurit. Peut-être qu’au fond, août n’est pas seulement un mois : c’est l’âme d’un pays.

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Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition août 2025 - NC 187.Prise de vue : Ankaditany Ampitatafika 
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Make up : Réalisé par Samchia 
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